Alors que la classe politique célèbre aujourd'hui le premier anniversaire de l'arrivée du premier vol nolisé de réfugiés syriens à Montréal, le Québec accueillera dans les prochains jours une nouvelle vague de réfugiés parmi les plus défavorisés, qui seront entièrement pris en charge par l'État.

Référées par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, ces 400 à 500 personnes étaient hébergées pour la plupart dans des camps en Jordanie ou en Turquie. « Ça déboule. Ils arrivent par avions à coups de 50 ou de 100. Mes collègues sont débordés », indique Stephan Reichhold, directeur général de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes.

« Ce sont des personnes pour qui il n'y a pas d'autre solution. Ce sont souvent de grosses familles qui ont besoin de protection. Leurs membres sont dans bien des cas peu instruits. Ça n'a rien à voir avec les familles de classe moyenne, de milieux professionnels, qui sont arrivées ces derniers mois, souvent en provenance du Liban », explique M. Reichhold.

Contrairement à l'essentiel des réfugiés arrivés depuis un an - qui étaient parrainés par leur famille ou par des organismes -, cette nouvelle vague est « presque à 100 % » composée de personnes prises en charge par l'État québécois, a indiqué hier la ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, Kathleen Weil.

Concrètement, le fait d'être parrainés par l'État oblige Québec à leur fournir un logement temporaire dans un hôtel dès leur arrivée. L'État doit ensuite leur offrir des meubles. « Ça coûte la peau des fesses », admet M. Reichhold, qui évalue entre 3000 $ et 4000 $ par famille le coût de cette première phase d'accueil.

Ces réfugiés auront ensuite droit à l'aide sociale, un recours qui n'est pas accessible aux réfugiés parrainés par leur famille ou par des organismes, qui représentent environ 5500 personnes sur les 6800 Syriens accueillis depuis un an.

Difficile de les retenir au Québec

La situation du Québec est l'inverse de celle du reste du Canada, où ce sont des réfugiés pris en charge par l'État qui ont surtout été accueillis jusqu'à maintenant.

Le principal défi, selon M. Reichhold, sera de retenir cette nouvelle vague au Québec. « Il y a deux ans, une cohorte semblable de 7000 réfugiés irakiens pris en charge par l'État est arrivée au Québec et depuis, ils sont presque à 100 % partis en Ontario », affirme-t-il.

« La question de la langue joue un rôle important. C'est très dur pour eux d'apprendre le français, et ça rend leurs perspectives d'emploi très limitées », avance M. Reichhold.

Le Québec au 4e rang mondial

Le ministre fédéral de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, John McCallum, a indiqué lors d'une cérémonie soulignant l'arrivée, il y a un an, du premier vol nolisé de réfugiés syriens que l'apport de ces migrants est important pour le Canada. « Plus de la moitié sont âgés de moins de 19 ans. À court terme, c'est un investissement, parce que nous avons un pays vieillissant », a-t-il déclaré.

« Je tiens à souligner que proportionnellement à sa population, le Québec arrive à la 4e position, après les États-Unis, le Canada et l'Allemagne, pour le plus grand nombre de réfugiés accueillis. Je pense qu'on a le bon plan », a pour sa part affirmé Kathleen Weil.