Les téléphones ne font plus seulement partie des cadeaux populaires au pied du sapin, ils servent aussi de plus en plus à les acheter, accélérant l'essor des ventes en ligne constaté ces dernières années.

La tendance se confirme avec les premiers bilans du long week-end de Thanksgiving, marquant le pic des ventes de fin d'année aux États-Unis grâce à ses soldes --qui démarraient traditionnellement le «Vendredi noir» («Black Friday») dans les magasins physiques avant de s'étendre aux boutiques en ligne le lundi («Cyber Monday»).

Cette année toutefois, «Black Friday est entré dans l'histoire comme la première journée à générer plus d'un milliard de dollars de ventes en ligne depuis des appareils mobiles», ont calculé les analystes d'Adobe Digital Insights.

Les Américains ont dépensé vendredi 1,2 milliard de dollars depuis leurs téléphones et leurs tablettes, un bond de 33% comparé à l'an dernier. Cela a aidé le total des ventes en ligne à franchir pour la première fois la barre des 3 milliards de dollars en une journée (+21,6% sur un an à 3,34 milliards).

Pour la journée de lundi, Adobe estimait en fin d'après-midi que les dépenses totales en ligne étaient parties pour atteindre un nouveau record de 3,39 milliards de dollars (+10,2%), dont 1,19 milliard depuis un téléphone ou une tablette.

Achats «par tranches de 5 minutes»

La généralisation des téléphones a changé la façon de faire du magasinage en mettant un mini-ordinateur en permanence à disposition des consommateurs, indique à l'AFP Anuj Nayar, vice-président chargé des initiatives mondiales chez PayPal.

Les données collectées par le spécialiste des paiements en ligne montrent que «les gens font des achats partout, à toutes les heures de la journée, par tranches de cinq minutes dans le bus en rentrant à la maison», énumère-t-il.

Il relève toutefois que «parfois cela s'appelle commerce mobile, mais c'est fait depuis le canapé». Un sondage réalisé le mois dernier pour PayPal montrait que les «Millennials» étaient les plus susceptibles de faire du magasinage mobile en regardant la télévision (59%).

Mais plus d'un Américain sur trois se disait généralement prêt à faire ses achats en ligne depuis la table du repas de Thanksgiving pour ne pas rater une bonne affaire (35%) ou depuis le lit conjugal à côté de leur partenaire endormi (34%). Ils étaient même 22% à envisager de faire leurs courses sur le siège des toilettes.

Cette année, PayPal a enregistré environ un tiers d'achats mobiles parmi ceux réalisés tant le jeudi de Thanksgiving que le «Vendredi noir».

Et d'ici 2020, le mobile pourrait représenter presque 50% des ventes annuelles en ligne, d'après la société de recherche eMarketer.

«De plus grands écrans, de meilleurs designs mobiles et des options de paiements plus simples ont contribué à cette explosion des ventes par téléphones», qui devraient bondir de 43,2% cette année à 116 milliards de dollars, selon Yory Wurmser, analyste chez eMarketer.

«Nous sommes encore au début de la révolution du commerce par téléphone», a-t-il estimé, comptant notamment sur «le développement de meilleures applications de recherche et systèmes de paiements» pour accélérer la tendance.

Seulement 16% des commandes finalisées

Il reste en effet du travail à faire. Le mobile ne représente encore qu'une toute petite portion des ventes totales du commerce de détail (2,4% cette année d'après eMarketer) et la plupart des acteurs du secteur déplorent un nombre important de transactions «perdues en route».

Dans son étude annuelle sur le commerce mobile fin octobre, Adobe estimait que seulement 16% des paniers remplis en ligne depuis un téléphone se transformaient en vraies commandes, et que les acheteurs dépensaient seulement 120 dollars en moyenne, contre 155 dollars sur un ordinateur.

«L'expérience n'est pas optimisée pour le mobile et cela laisse beaucoup d'utilisateurs qui soit achètent moins, soit abandonnent complètement leur panier», soulignait Tamara Gaffney, analyste chez Adobe Digital Insights.

Et d'appeler les commerçants à «pousser les consommateurs à faire davantage d'achats sur leurs téléphones» en utilisant les possibilités de personnalisation offertes par ces appareils, et à «mieux intégrer des technologies comme les porte-monnaie mobiles» pour rendre la transaction plus fluide.