Au moment où la Coalition avenir Québec (CAQ) réclame le retour de la Fondation Mise sur toi, chargée jusqu'en 2013 d'orchestrer les mesures de jeu responsable, des chiffres obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information montrent que la disparition de l'organisme coïncide avec une forte baisse du budget consacré par Loto-Québec au jeu responsable.

En cinq ans, ce budget a connu une chute brutale : de presque 11 millions en 2010, il est passé à un peu plus de 2 millions en 2015.

De 2010 à 2013, Loto-Québec avait versé entre 3 et 6 millions à Mise sur toi, en plus de consacrer 4 millions par an à l'interne à la question du jeu responsable. Au total, les sommes consacrées au jeu responsable oscillaient donc entre 7 et 11 millions. À partir de 2013, au moment où Mise sur toi disparaît, les coupes ont été radicales.

La société d'État a cependant maintenu les sommes qu'elle verse annuellement au ministère de la Santé, et qui s'élèvent à 22 millions. «Cet argent est distribué à différents organismes offrant du soutien aux joueurs pathologiques et faisant de la sensibilisation et de la prévention», précise Lynne Roiter, vice-présidente à la direction juridique de Loto-Québec. Elle ajoute que Loto-Québec verse également 3 millions par an à la Régie des alcools, des courses et des jeux.

Les demandes de l'opposition

En commission parlementaire, hier, le député caquiste de Granby, François Bonnardel, a réclamé le retour d'un organisme indépendant de la société d'État qui serait chargé d'implanter des mesures de jeu responsable.

«C'est un peu particulier de penser qu'aujourd'hui, Loto-Québec s'autoréglemente elle-même. C'est comme si on mettait Rambo en charge de la lutte contre l'intimidation. Ça ne fonctionne pas, a déclaré M. Bonnardel. Il faut redonner l'indépendance totale à la Fondation Mise sur toi, le sortir complètement du giron de Loto-Québec, lui redonner son 6 millions et peut-être un montant additionnel.»

De son côté, la députée péquiste de Chauveau, Agnès Maltais, a profité de la commission parlementaire pour réitérer la demande de son parti: le Vérificateur général doit enquêter sur Loto-Québec, croit-elle, déplorant du même souffle le peu de transparence de la société d'État.

«On a essayé d'avoir la carte que tout le monde essaie d'avoir, elle doit exister à Loto-Québec, a-t-elle raconté, évoquant ses années comme ministre déléguée à la Santé. Il n'y avait pas moyen. On a essayé d'obtenir des informations, puis aujourd'hui, ce qu'on apprend grâce à des reportages de La Presse, on est gênés. On est gênés de 15 ans où on n'a pas réussi à régler le phénomène.» Elle a rappelé que le quart des revenus de Loto-Québec proviennent des appareils de loterie vidéo. «L'État est sur le crack électronique.»

Le ministre des Finances, Carlos Leitao, n'a accédé à aucune demande des deux partis de l'opposition, se contentant de réitérer qu'un plan d'action sera déposé «dans les prochaines semaines», où l'on fera état d'un échéancier précis pour le retrait d'un certain nombre d'appareils de loterie vidéo.