Le ministre de l'Immigration du Canada est intervenu in extremis lundi pour stopper l'expulsion vers l'Italie d'un ancien homme de main du clan mafieux des Cotroni qui habite le Canada depuis 1967.

« C'est un gros soulagement », s'est réjouit Me Stéphane Handfield, l'avocat de Michele Torre, après avoir appris la nouvelle.

Michele Torre a été arrêté en 1996 et condamné pour un complot qui visait l'importation de 170 kilos de cocaïne. À l'époque, il travaillait dans un café italien fréquenté par la famille Cotroni.

Pas citoyen

Même s'il vit au Canada depuis presque 50 ans, M. Torre n'avait jamais demandé sa citoyenneté canadienne. Si bien que sa condamnation le rendait passible d'expulsion du pays.

Les autorités n'ont toutefois pris aucune mesure en ce sens dans les années suivant sa condamnation. Ce n'est qu'en 2012, quinze ans après les faits, que des procédures ont été entreprises par l'Agence des services frontaliers. Un délai jamais vu, selon un fonctionnaire qui a témoigné dans le dossier.

M. Torre a tenté de faire cesser les procédures en invoquant des délais déraisonnables. Il a été débouté en Cour d'appel et la Cour suprême du Canada a refusé de l'entendre en août dernier.

Il devait se présenter à l'aéroport mercredi pour être expulsé.

Tranquille pour deux ans

Mais le bureau du ministre John McCallum est intervenu ce lundi pour accorder un permis de séjour temporaire de deux ans à M. Torre, ce qui lui permettra de rester au Québec le temps que sa demande de résidence permanente parrainée par son épouse soit étudiée. Le principal intéressé devra encore là obtenir une dispense ministérielle en raison de ses antécédents judicaires.

« Pour deux ans, il a l'esprit tranquille. Nous allons continuer nos démarches. Ce permis de séjour temporaire, ce n'est pas quelque chose de régulier mais ce n'est pas si exceptionnel. C'est la même chose qu'on a vue dans le dossier de [l'activiste et député européen] José Bové récemment », affirme Me Handfield.

Des membres de la communauté italo-montréalaise avaient manifesté au cours des derniers mois pour réclamer une intervention gouvernementale qui permettrait à M. Torre de rester au pays, où se trouve toute sa famille.