Le premier ministre Justin Trudeau estime avoir fait la preuve qu'il appuie l'égalité entre les hommes et les femmes et qu'il n'a pas besoin de condamner les propos du candidat républicain Donald Trump pour le démontrer.

En conférence de presse jeudi matin, alors que le premier ministre français Manuel Valls était de passage à Ottawa, M. Trudeau est demeuré fidèle au mot d'ordre qu'il a donné à ses ministres de ne pas s'immiscer dans les élections présidentielles aux États-Unis.

M. Trudeau s'est donc montré prudent quand il a été invité à commenter les propos vulgaires à l'endroit des femmes que Donald Trump a tenus dans une vidéo datant de 2005, et dont le quotidien Washington Post a révélé l'existence la semaine dernière.

« J'ai toujours dit que j'étais très ouvert à travailler avec le choix des Américains par rapport à qui sera leur prochain président. Ma responsabilité première, c'est d'assurer l'intérêt des Canadiens dans cette relation si importante pour notre économie, pour nos citoyens », a d'abord indiqué M. Trudeau.

« Cela étant dit, j'ai toujours été très clair dans mon identité en tant que féministe, dans mon travail pendant toute ma vie pour lutter contre le harcèlement sexuel et contre la violence faite aux femmes et je pense que je n'ai pas besoin de rien ajouter à ce niveau-là », a-t-il ajouté.

Pour sa part, le premier ministre Valls ne s'est pas gêné pour souhaiter la victoire de la démocrate Hillary Clinton aux élections présidentielles du 8 novembre.

En présence d'un groupe de journalistes invités à l'ambassade de France à Ottawa, le premier ministre a soutenu que le milliardaire républicain « est rejeté par le monde » en raison du discours qu'il tient depuis plusieurs mois.

«Comme dirigeant politique français, je souhaite évidemment que Hillary Clinton soit élue», a-t-il dit, ajoutant que «Trump est rejeté par le monde».

En conférence de presse, jeudi matin, MM. Trudeau et Valls ont tenté de minimiser leur approche respective - laïcité versus multiculturalisme - quant à la place des symboles religieux dans l'espace public. « Il y a quelque chose qui pour moi est essentiel.  C'est la place de la femme dans notre société.  Je suis pour toute la liberté, mais tous ceux qui écartent la femme de l'espace publique, qui nient son altérité et son identité, ça je le combats.  Je respecte les positions qui, non seulement sont celles de Justin Trudeau, mais de la société canadienne, et je regarde toujours avec beaucoup d'intérêt parce qu'on a beaucoup à apprendre les uns des autres », a dit M. Valls.

Le premier ministre a ajouté que la laïcité en France permet à tous les croyants de pratiquer leur propre culte en toute liberté et il a affirmé que l'islam était compatible avec la démocratie et l'égalité des sexes.

Quant à M. Trudeau, il a insisté sur l'objectif commun aux deux approches : démontrer à l'État islamique et aux intégristes que l'islam est compatible avec les sociétés occidentales. Le premier ministre canadien a convenu que les moyens d'y parvenir différaient, mais que l'objectif demeurait le même.

Les dossiers des changements climatiques et de l'implication du Canada dans des missions de paix, notamment au Mali, ont également été abordés par les deux premiers ministres.

- Avec La Presse canadienne