Le premier ministre Philippe Couillard tente de corriger le tir après avoir commis des impairs en utilisant l'anglais lors de précédentes missions officielles à l'étranger.

Depuis le début de son périple en Islande, jeudi, il a envoyé des signaux témoignant de sa volonté de chasser les critiques qu'il s'est attirées au cours des dernières années.

Lorsqu'il s'est rendu à la résidence officielle du président islandais Guðni Thorlacius Jóhannesson, M. Couillard a signé un livre d'or. Il a écrit quelques mots en français: « Amitiés du Québec ! » La délégation québécoise a laissé les journalistes entrer dans la pièce où se trouvait le document, bien en vue.

En juillet dernier, M. Couillard avait écrit un message en anglais dans le livre d'or de la multinationale Siemens, à Munich. Il avait reconnu son erreur par la suite.

Hier, dans un discours à l'assemblée annuelle de l'Arctic Circle à Reykjavik, Philippe Couillard s'est exprimé autant en français qu'en anglais, alternant les deux langues. « Comme vous avez pu le constater, une partie de mon discours sera en français. Cela vous permettra de vous reconnecter avec votre français du secondaire », a-t-il lancé à l'auditoire qui a accueilli la remarque avec quelques rires.

En 2014, à cette même tribune, M. Couillard avait fait une allocution entièrement en anglais, ce qui lui avait valu des critiques.

C'est sa troisième participation à l'assemblée de l'Arctic Circle, qui réunit 2000 participants de 50 pays pour discuter d'enjeux nordiques. Après avoir vanté le Plan nord en 2014 et plaidé l'urgence de la lutte contre les changements climatiques l'an dernier, M. Couillard a fait cette fois la promotion de la Stratégie maritime de son gouvernement. Quelque 84 projets ont été annoncés depuis son lancement l'an dernier, pour des investissements de 1 milliard - 209 millions viennent de l'État, a-t-il souligné.

UNE INSPIRATION POUR LE QUÉBEC ?

Le premier ministre a rendu visite par la suite à un regroupement de quelques dizaines d'entreprises de transformation de produits de la pêche, Iceland Ocean Cluster. Il a signalé aux journalistes que l'échange avec le PDG Thor Sigfusson se déroulera en anglais. Sur le ton de l'humour, il a demandé si cela fera l'objet d'un reportage.

Les produits d'Iceland Ocean Cluster sont aussi variés qu'étonnants, comme la limonade au collagène de poisson, des abat-jour en peau de poisson ou encore des produits de beauté. Le PDG a dit avoir des projets d'expansion dans le Maine, à Seattle et en Alaska. « Est-ce qu'il y a une place dans la liste pour le Québec ? », lui a demandé M. Couillard. Il n'a pas eu de réponse claire.

Est-ce décevant que M. Sigfusson n'ait pas nommé le Québec ? « Ça montre qu'il faut qu'on fasse également nous-mêmes cette prospection-là », a répondu M. Couillard, ajoutant que le PDG a montré un intérêt pour ce qui se passe au Québec dans ce secteur d'activité.

Le modèle de ce regroupement d'entreprises, qui utilisent le potentiel du poisson davantage qu'au Québec, de l'aveu même de M. Couillard, peut servir d'inspiration pour des régions comme le Bas-Saint-Laurent, la Côte-Nord et la Gaspésie. « Au lieu d'avoir des gens qui travaillent dans l'usine de transformation pour une courte période, ils peuvent travailler plus longtemps et faire de la valeur ajoutée », a fait valoir le premier ministre.

M. Couillard a par la suite participé à un atelier organisé par l'Institut nordique du Québec dans le cadre de l'assemblée de l'Arctic Circle.