Une campagne américaine contre le candidat à la présidence Donald Trump s'est propagée de l'autre côté de la frontière alors que l'organisation redouble d'efforts pour convaincre les expatriés américains à voter pour l'élection du mois prochain.

Plus d'une douzaine de personnes se sont réunies devant la tour Trump, au centre-ville de Vancouver, mercredi après-midi, afin de convaincre les Américains vivant au Canada de s'enregistrer pour le scrutin et de voter contre le candidat républicain.

L'événement avait été organisé par Avaaz, un groupe militant américain qui vise à mobiliser les expatriés en vue de l'élection du 8 novembre. L'organisation cible certaines villes où il y a une forte concentration de citoyens américains.

Joseph Huff-Hannon, un porte-parole d'Avaaz à Washington qui était présent au rassemblement de Vancouver, a souligné qu'une présidence de Donald Trump aurait ses effets sur le Canada.

Il a fait valoir que cet enjeu américain était en fait un «enjeu mondial» et que M. Trump serait un «terrible voisin» au Canada.

Sur les lieux, mercredi après-midi, un homme arborant un masque en papier mâché de Donald Trump dansait du haut d'un camion sur des airs des années 1960, provoquant les klaxons des voitures qui passaient par là.

Le gouvernement américain ne dénombre pas officiellement tous ses citoyens qui habitent à l'étranger, mais la diaspora américaine est évaluée à 5,6 millions de personnes. Environ 1,2 million d'entre elles peuvent voter, selon le gouvernement.

Un peu plus de 660 000 de ces expatriés vivent au Canada et c'est la Colombie-Britannique qui abrite le contingent le plus important, soit 183 000.

Les Américains qui vivent ailleurs et qui voudraient voter doivent se préparer des mois en avance en plus de satisfaire aux critères fixés par l'État où ils étaient résidants permanents.

Le processus peut s'avérer onéreux, ce qui contribue à un taux de participation anémique, selon les experts.

Selon le Federal Voting Assistance Program, environ 5 pour cent des expatriés ont exercé leur droit de vote en 2012. Une étude de l'Institut américain Rothermere de l'Université d'Oxford avait estimé le taux de participation à 12 pour cent.

Brian Schmidt, professeur en science politique à l'université Carleton, croit que le vote des expatriés peut changer la donne alors que la course ne se décide que par quelques voix dans certains États pivots.

«Je suis de New York et (la candidate démocrate Hillary) Clinton va probablement l'emporter. Mais si vous êtes de l'Ohio, du Michigan ou de la Floride, je dirais que chaque vote va faire la différence», a-t-il indiqué.

Certaines études suggèrent que les Américains à l'étranger sont plus enclins à voter démocrate, mais il est difficile d'évaluer l'influence qu'ils ont sur le résultat avant que leurs bulletins ne soient comptés, selon Renan Levine, qui enseigne la politique américaine à l'Université de Toronto.

«Ce qu'il faut retenir, c'est que (leur vote) pourrait très bien avoir un gros impact, mais cela dépend d'où ils sont admissibles pour voter», a-t-il relevé.

Joseph Huff-Hannon a cité en exemple le cas de l'élection de 2000, alors que la Floride avait joué un rôle crucial dans la victoire du républicain George W. Bush. Seulement quelques voix séparaient M. Bush de son adversaire démocrate Al Gore dans cet État.

L'expatrié américain Tom Sandborn, qui a quitté l'Alaska en 1967 en guise de protestation contre la guerre au Vietnam, participait au rassemblement de mercredi.

«Nous pouvons influencer l'élection. Je crois que personne ne voudrait vivre avec la conscience de s'être abstenu et d'avoir à faire face au cauchemar de l'élection de M. Trump à la présidence», a-t-il affirmé.