Les Forces armées canadiennes enquêtent sur la mort soudaine et inattendue d'un jeune homme de 19 ans en pleine santé pendant la «période d'endoctrinement» de sa formation de soldat-recrue, à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Michael Pinel-Duquette a été retrouvé sans vie le 9 septembre dernier, dans les installations militaires. Il y était arrivé le 27 août pour la QMB («qualification militaire de base»).

Il est le cinquième jeune militaire canadien à mourir durant sa formation depuis le mois de mai dernier.

La mort n'est pas directement liée à l'entraînement, et aucun geste criminel n'est soupçonné. Sa cause demeure indéterminée.

La nouvelle «a été un choc pour ses confrères et aussi pour le personnel qui était impliqué dans l'instruction de son peloton», a indiqué le lieutenant-colonel Gaétan Bédard, commandant de l'école. Il a qualifié cette mort de «tragique et soudaine».

L'armée est sur le point de mettre sur pied une «commission d'enquête» pour faire la lumière sur ce drame. La semaine dernière, la police militaire en était à recueillir des informations. Les enquêteurs ont notamment demandé une copie des textos échangés avec son père dans les derniers jours de sa vie.

«C'est clair [que lorsqu'il est entré] dans l'armée, j'acceptais qu'un jour, un commandant viendrait m'annoncer son décès», a confié son père, Jean Jacques Pinel, en entrevue téléphonique. «Mais je ne pensais jamais que ce serait aussi vite, au bout de deux semaines. C'est un choc, et pas à peu près.» 

La mort du soldat-recrue Pinel-Duquette a d'abord été rapportée par le site spécialisé 45e Nord.

Quatre autres morts

À la fin du mois d'août, La Presse a levé le voile sur quatre morts, toutes d'élèves ou de récents diplômés du prestigieux Collège militaire royal du Canada, à Kingston, survenues en moins de quatre mois. Harrison Kelertas, un Montréalais de 22 ans, et son ami Brett Cameron, 20 ans, sont morts juste avant la fin de leurs études, en mai. Le second devait porter le cercueil du premier.

En juin, le Québécois Éric Leclerc, 39 ans, se serait donné la mort, selon sa famille. En août, le corps inanimé de Matthew Sullivan a été retrouvé dans sa ville natale de Saint John, au Nouveau-Brunswick. Il avait 19 ans.

«C'est moi qui l'ai déposé [à l'école des recrues] il y a deux semaines. J'ai déposé un jeune homme heureux, fier d'avoir accompli ses premiers objectifs», a relaté le père de Michael Pinel-Duquette.

«Il était parti pour une carrière. Depuis l'âge de 14 ans que son choix de carrière était fait.» - Jean Jacques Pinel

Michael Pinel-Duquette est mort pendant sa «période d'endoctrinement», c'est-à-dire les cinq premières semaines de la formation, pendant lesquelles les sorties et les visites sont interdites.

Un mal bénin

Selon nos informations, confirmées par M. Pinel, le jeune homme se trouvait en isolement dans les jours précédant sa mort, en raison d'un mal bénin mais contagieux - une tante a évoqué une grippe. «Il trouvait ça dur, il ne pouvait pas parler à personne parce qu'il était isolé dans une salle. Mais il comprenait la chose», a dit son père.

Le lieutenant-colonel Bédard, à la tête de l'école des recrues, n'a pas voulu confirmer ces informations à La Presse. Il a souligné que la présence de ressources psychologiques avait été rappelée aux recrues à la suite de cet événement.