Même si des dizaines de dispositifs présentement sur le marché permettent d'alerter les parents lorsqu'un enfant a été oublié dans l'auto, Transports Canada juge qu'aucun d'eux n'est suffisamment fiable pour obliger les constructeurs à en doter leurs véhicules. Entre les fausses alertes et les problèmes de connectivité, ces gadgets sont vite mis au rancart par les parents, conclut pour sa part le bureau américain de la sécurité routière.

Dans un courriel transmis à La Presse hier, Transports Canada affirme avoir travaillé après 2004 avec différents constructeurs automobiles pour « déterminer si des systèmes de détection » étaient accessibles afin d'éviter les morts comme celle survenue la semaine dernière à Saint-Jérôme. Cette investigation de l'organisme faisait suite à un rapport du coroner Michel Ferland, qui recommandait de « développer, de concert avec les fabricants d'automobiles et de sièges d'auto pour enfants, un dispositif d'alarme indiquant la présence d'un enfant dans le siège, quand le conducteur coupe le moteur et quitte son véhicule ».

« Après avoir étudié attentivement la question, il a été conclu qu'aucun capteur existant ne serait entièrement efficace pour signaler la présence d'enfants en bas âge, étant donné que ces derniers peuvent avoir une respiration irrégulière rendant très difficile la possibilité de les détecter », a écrit la porte-parole de Transports Canada, Natasha Gauthier, dans un courriel transmis hier.

Aux États-Unis, la National Highway Trafic Administration a aussi enquêté au cours des dernières années sur des dispositifs utilisant des technologies « intelligentes » pour détecter la présence d'un enfant dans la voiture. Ces appareils - vendus souvent plus d'une centaine de dollars sur Amazon et eBay - prennent généralement la forme de boucles de sécurité spéciales qu'on adapte aux sièges de bébé, et qui se branchent aux téléphones intelligents grâce à la connexion Bluetooth. Lorsque le parent s'éloigne du véhicule sans que la boucle ait été défaite, une alerte est activée sur le téléphone intelligent.

« Aucun des dispositifs testés n'a été considéré comme suffisamment fiable pour détecter les enfants », lit-on dans un rapport publié par l'organisme gouvernemental en juillet 2012. La perte de synchronisation régulière des dispositifs avec les téléphones intelligents « peut mener à une frustration des consommateurs, qui risquent d'abandonner l'appareil ».

Les spécialistes américains qui les ont testés ont aussi relevé plusieurs fausses alertes lancées pendant que les testeurs conduisaient les véhicules. « En somme, ces appareils nécessitent trop d'efforts des parents pour assurer un fonctionnement efficace », lit-on.

LA SOLUTION DOIT PASSER PAR LES CONSTRUCTEURS

Le coroner Michel Ferland croit néanmoins que les constructeurs pourraient très facilement mettre au point un mécanisme d'alerte efficace. « On a déjà des indicateurs qui activent et désactivent les sacs gonflables côté passager en fonction du poids qui se trouve sur le siège. Ce n'est peut-être pas aussi simple de détecter la présence d'un enfant, mais c'est loin d'être impossible à faire », plaide-t-il.

Un premier véhicule au Canada, l'Acadia 2017 de GMC, offre d'ailleurs par défaut une technologie alertant les parents qu'un enfant est possiblement attaché à l'arrière. Le système est entièrement basé sur un logiciel prenant en compte la séquence des événements précédant le démarrage. Il n'utilise aucun détecteur spécial pour sentir la présence d'un enfant. 

L'organisme américain de défense Kids and Cars, qui milite auprès du gouvernement des États-Unis pour forcer les constructeurs à rendre leurs produits plus adaptés aux enfants, croit d'ailleurs que les solutions logicielles semblables sont les mieux adaptées. « Le problème avec les appareils de détection reste le même : personne ne veut payer pour ces technologies, parce que personne ne croit qu'il va un jour oublier un enfant dans l'auto », affirme Amber Andreasen, porte-parole de l'organisme.

PHOTO fournie par le fabricant

Le siège Evenflo SensorSafe est le seul sur le march avec un système intégré d'alerte, mais le magazine Consumer Reports lui a trouvé plusieurs failles.