La ministre fédérale Carolyn Bennett soutient que son gouvernement aimerait bien régler à l'amiable une poursuite intentée contre Ottawa relativement aux «rafles» effectuées dans les familles autochtones au siècle dernier.

Entre les années 1960 et 1980, les services sociaux ont enlevé des milliers d'enfants autochtones à leurs parents pour les confier à des familles allochtones - ce qu'on appelle maintenant «la rafle des années 1960». Plusieurs poursuites ont été intentées depuis pour dénoncer ce que les plaignants qualifient de «perte d'identité culturelle».

Interrogée par des journalistes à Winnipeg, mercredi, la ministre fédérale des Affaires autochtones, Carolyn Bennett, a indiqué que son gouvernement souhaitait s'entendre avec les plaignants autour d'une table plutôt que devant les tribunaux.

La veille, la ministre s'était rendue à Tadoule Lake, au Manitoba, afin de présenter les excuses du gouvernement canadien pour le déplacement forcé de toute une communauté de Dénés, il y a 60 ans. Ottawa a aussi annoncé un dédommagement de 33,6 millions $.

La «rafle des années 1960» a donné lieu à quelques poursuites au pays, notamment une action collective en Saskatchewan. En Ontario, les plaignants réclament depuis 2009 un dédommagement de 85 000 $ pour chaque enfant déraciné. Le gouvernement du Manitoba a présenté ses excuses l'an dernier pour le rôle qu'il avait joué dans ces rafles.

Cinq leaders des Premières Nations ont écrit au premier ministre Justin Trudeau, cette semaine, pour demander au gouvernement fédéral de présenter ses excuses et de régler rapidement la poursuite en Ontario. Les chefs soutiennent qu'Ottawa se traîne les pieds depuis des années dans ce dossier.

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper avait contesté l'admissibilité de l'action collective en Ontario, mais avait été débouté en 2014.

L'avocat Tony Merchant, plaideur dans l'action collective en Saskatchewan, salue l'ouverture manifestée par la ministre Bennett, mais il rappelle que les gouvernements souhaitent souvent régler hors cour une fois que les avocats ont fait le travail. Il reconnaît qu'un vent de changement souffle à Ottawa, mais rappelle que ce sont les avocats au ministère de la Justice qui gèrent ces dossiers, et que les gouvernements ne sont pas réputés pour leur célérité.

«Ces gens ne se transforment pas nécessairement lorsque le pouvoir change de mains», a estimé Me Merchant.