L'ex-vice-première ministre Nathalie Normandeau est devenue la paria de la classe politique québécoise.

Aucun de ses anciens collègues libéraux n'acceptera de répondre à ses questions, lorsqu'elle animera une émission à la station radiophonique BLVD 102,1, de Québec, à compter de la rentrée d'automne.

Le cabinet du premier ministre Philippe Couillard a donné une consigne en ce sens aux membres du cabinet, qui ont tous été invités à se tenir loin de son micro et à refuser toute demande d'entrevue, le temps que prennent fin ses démêlés avec la justice.

Celle qui fut longtemps le numéro deux du cabinet de Jean Charest, à la tête de plusieurs ministères stratégiques, doit répondre à de graves accusations: complot, fraude, corruption et abus de confiance envers le gouvernement, en lien avec du financement politique et l'octroi de contrats publics.

Elle avait été arrêtée en mars par l'Unité permanente anticorruption (UPAC). Elle a plaidé non coupable et devra se présenter en cour le 29 août.

Mercredi, certains de ses anciens collègues ont paru mal à l'aise devant l'interdit d'approcher le micro de Nathalie Normandeau, mais ont tous indiqué comprendre la pertinence de la consigne.

Mercredi matin, en marge de la réunion hebdomadaire du conseil des ministres, la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, ne tarissait pas d'éloges envers Mme Normandeau. «Elle a été ma collègue. C'est une femme que j'adore, que j'ai admirée, avec qui j'ai adoré travailler», a-t-elle commenté, avant d'ajouter qu'il fallait malgré tout que «les tribunaux fassent leur travail».

«Dans le contexte actuel, la prudence commande de ne pas accorder d'entrevue», a soutenu la ministre, en rappelant que «la présomption d'innocence au Canada, c'est une valeur fondamentale».

Son collègue de la Santé, Gaétan Barrette, a estimé qu'il ne fallait pas prendre «le risque, tout simplement, de venir enfreindre, d'une quelconque façon, le processus (judiciaire) en cours. C'est une question de gestion de risque, alors je n'irai pas là.»

La ministre du Tourisme, Julie Boulet, qui l'a côtoyée elle aussi pendant des années, va se soumettre à la consigne. «Je ne ferai pas d'entrevue (avec Mme Normandeau), tant que les procédures (judiciaires) ne seront pas terminées», a-t-elle promis.

Le ministre des Finances, Carlos Leitao, a laissé tomber quant à lui qu'il ne voyait aucun «intérêt à accorder ce type d'entrevue».

Les partis d'opposition entendent eux aussi demeurer silencieux devant l'ancienne ministre libérale devenue animatrice radiophonique.

La députée caquiste Nathalie Roy a jugé que Mme Normandeau n'avait «absolument aucune crédibilité actuellement pour animer une émission d'affaires publiques», compte tenu des «graves chefs d'accusation qui sont déposés contre elle».

L'opposition péquiste et Québec solidaire n'ont pas davantage l'intention de partager le micro de l'ex-ministre.