L'attaque au camion survenue à Nice a fait 202 blessés, dont 52 dans un état critique, a annoncé le procureur de la République de Paris, François Molins, vendredi.

Parmi les blessés se trouvant dans un « état d'urgence absolue », 25 sont en réanimation, a poursuivi M. Molins, qui a confirmé que l'attentat avait également fait 84 morts, incluant 10 enfants et adolescents.

On compte plusieurs victimes d'origine étrangère, dont trois Allemands, deux Américains, deux Marocains et deux Arméniens.

En point de presse vendredi, le procureur a indiqué que des pièces d'identité retrouvées dans la cabine du poids lourd et les relevés d'empreintes digitales avaient permis de déterminer que le terroriste était Mohamed Lahouaiej Bouhlel, un Tunisien âgé de 31 ans et

domicilié à Nice.

Il a précisé que Bouhlel, qui travaillait comme chauffeur-livreur, était marié et père de famille, et que son ex-femme avait été placée en garde à vue vendredi matin.

François Molins a ajouté que des perquisitions avaient eu lieu vendredi à deux adresses liées au suspect et que du matériel informatique et téléphonique avait été saisi.

Selon le procureur, Mohamed Lahouaiej Bouhlel était connu de la police et de la justice pour de multiples infractions commises entre 2010 et 2016. En mars, il avait été condamné à six mois d'emprisonnement avec sursis pour violence volontaire avec arme.

M. Molins a par contre souligné que l'individu était totalement inconnu des services de renseignement nationaux et locaux, et n'avait jamais fait l'objet d'une fiche ou d'un signalement pour radicalisation.

Il a indiqué que les enquêteurs tenteraient tout de même d'établir si Bouhlel avait agi avec des complices ou entretenait des liens avec des organisations criminelles terroristes.

Par ailleurs, les députés français ont accepté de prolonger l'état d'urgence sur le territoire, qui était déjà en vigueur depuis huit mois. Ils ont également décidé de déployer des milliers de policiers réservistes dans les rues de la France.

Le président François Hollande avait annoncé quelques heures plus tôt que l'état d'urgence serait prolongé de trois mois. Le gouvernement a également décrété trois jours de deuil national.

Déroulement du drame

François Molins a aussi profité du point de presse de vendredi pour révéler certains détails sur le déroulement du drame dans le coeur de Nice jeudi soir.

Le procureur a notamment raconté que les premières analyses des images captées par les caméras de surveillance avaient permis de repérer le camion frigorifique de 19 tonnes utilisé par Mohamed Lahouaiej Bouhlel dans l'est de Nice le 13 juillet.

D'après M. Molins, Bouhlel est arrivé seul à vélo le 14 juillet vers 21 h 30 pour récupérer le poids lourd. Il s'est ensuite dirigé vers l'ouest et est entré sur la promenade des Anglais vers 22 h 45.

Il a réussi à rouler sur une distance d'environ deux kilomètres, fauchant au passage de nombreux spectateurs venus admirer les traditionnels feux d'artifice du 14 juillet.

Le chauffeur a fait feu à plusieurs reprises sur trois policiers. Les représentants des forces de l'ordre ont finalement réussi à le neutraliser par des tirs à la hauteur du palais de la Méditerranée.

Mohamed Lahouaiej Bouhlel a été retrouvé mort sur le siège passager du camion. Il avait avec lui un pistolet automatique, un chargeur, plusieurs cartouches percutées et non percutées ainsi que trois armes

factices et une grenade.

Même si l'attaque n'a pas été revendiquée pour le moment, François Molins a insisté sur le fait que ce type d'action s'inscrivait et correspondait très exactement aux « appels permanents au meurtre des organisations terroristes tels qu'elles le prescrivent dans les nombreuses revues et vidéos qu'elles diffusent ».

Hollande hué

Les Français se remettaient à peine des attentats survenus l'année dernière, qui avaient fait 147 morts au total, et qui avaient été revendiqués par le groupe armé État islamique.

Le président Hollande a d'ailleurs dû affronter la colère des Français lorsqu'il s'est rendu à Nice pour offrir ses condoléances aux proches des victimes, vendredi. Accompagné de Christian Estrosi, le président du gouvernement régional dont Nice fait partie, il a été accueilli par des huées alors que leur convoi parcourait la ville.

Le gouvernement socialiste de François Hollande, dont l'impopularité a atteint des records dernièrement, est critiqué concernant sa gestion de la menace djihadiste. Les services de renseignement sont au courant depuis des années que la France est une cible importante pour les extrémistes, qui ont recruté plus de 1000 combattants de nationalité française partis se battre en Syrie et en Irak.

Agence France-Presse

Mohamed Lahouaiej Bouhlel