Une cinquantaine de «détenus de l'immigration» en Ontario auraient amorcé lundi une grève de la faim, selon des militants.

Les détenus de l'immigration sont des personnes arrivées au Canada et mises en détention provisoire jusqu'à ce que les autorités canadiennes déterminent leur statut. Ces détenus, déférés dans des prisons provinciales, sont parfois mêlés à des criminels.

Le réseau «End Immigration Detention», qui milite en faveur de l'abolition de ces détentions, soutient que les grévistes de la faim veulent protester contre leurs conditions de détention, notamment le recours de plus en plus fréquent au confinement en cellule, voire à l'isolement. Les protestataires souhaitent aussi l'abolition des détentions indéfinies dans des prisons à sécurité maximale. Les grévistes de la faim souhaitent obtenir une rencontre avec le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale.

Un porte-parole de M. Goodale a affirmé lundi que le ministre examinait des aspects reliés à la détention et qu'il espérait pouvoir présenter des propositions avant la fin de l'année.

Scott Bardsley a affirmé par courriel que l'Agence des services frontaliers du Canada devait évaluer toutes les solutions de rechange raisonnables avant de mettre une personne en détention. Le porte-parole de M. Goodale a indiqué que selon la loi canadienne, la détention est autorisée seulement si l'identité de la personne n'est pas prouvée ou s'il y a un risque de fuite ou un danger pour la sécurité publique.

Les grévistes de la faim sont actuellement détenus au Centre correctionnel à sécurité moyenne et maximale de Lindsay et au Centre de détention de l'Est à Toronto, des établissements provinciaux ontariens.

Selon le réseau «End Immigration Detention», des détenus de l'immigration avaient déjà amorcé une grève de la faim le 21 avril et avaient finalement obtenu une rencontre avec les autorités de l'Agence des services frontaliers du Canada, qui est responsable de ces immigrants. Mais il semble que les promesses de l'agence n'aient pas été tenues, ce qui a poussé les détenus à reprendre leur grève de la faim, cette fois dans l'espoir de rencontrer des élus, selon l'organisme.

Dans un communiqué, Toby Clark, détenu de l'immigration depuis août 2014, estime que ce traitement constitue «une peine cruelle et inusitée», en violation, notamment, de l'article 12 de la Charte canadienne des droits et libertés.

Selon Sharmeen Khan, du réseau «End Immigration Detention», les détenus de l'immigration sont souvent confinés à leur cellule pendant l'été - parfois durant des jours -, incapables de communiquer avec leurs proches ou d'obtenir de l'aide juridique. Mme Khan soutient que certains grévistes de la faim sont déjà malades ou mal en point, et que ce moyen de pression pourrait mettre leur santé en péril.

Le ministre Goodale avait indiqué en mai dernier qu'Ottawa tentait de trouver de nouvelles approches pour ces immigrants, comme la libération sous caution ou les dispositifs de surveillance à distance en attendant de statuer sur leur sort.