Les villes québécoises se réjouissent de la collaboration retrouvée avec Ottawa. Alors que le premier ministre Justin Trudeau a confirmé d'importants investissements pour les trois prochaines années, Montréal a maintenant bon espoir de voir le fédéral investir dans le prolongement de la ligne bleue du métro et dans le Réseau électrique métropolitain.

« Au cours des dernières années, les longues négociations entre Québec et Ottawa ont souvent eu pour effet de nous faire perdre du temps et de l'argent. Nous avions l'impression d'être sur le banc de punitions. Aujourd'hui, grâce à cette nouvelle ère de collaboration entre les gouvernements du Québec et du Canada et des municipalités, je pense que ce temps est révolu », s'est emballé le maire de Sherbrooke, Bernard Sévigny, qui préside actuellement l'Union des municipalités du Québec.

Cette collaboration retrouvée s'est manifestée hier alors que Justin Trudeau était à Montréal pour confirmer que son gouvernement investira au cours des trois prochaines années 924 millions dans les transports en commun au Québec et 364 millions dans des projets d'eau potable et de traitement des eaux usées. En ajoutant le financement de Québec et des villes, les investissements associés à l'entente signée hier atteindront les 2,5 milliards.

UN DISCOURS APPRÉCIÉ

Mais au-delà des dollars, c'est surtout le discours du premier ministre canadien qui a fait sourire les villes québécoises. « Les municipalités ont un rôle extrêmement important à jouer. On a besoin de leur expertise pour sélectionner les projets, parce que ce sont elles les expertes, ce sont elles qui savent mieux que n'importe qui ce qui doit être fait », a déclaré Justin Trudeau.

Les municipalités québécoises attendent depuis longtemps une telle ouverture. « L'UMQ a souvent répété que nous sommes trois à payer, nous devrions être trois à décider », a souligné Bernard Sévigny.

Ravi de ce discours du premier ministre Trudeau, le maire de Montréal, Denis Coderre, s'est permis une pointe à l'ancien gouvernement conservateur. « Ça prenait un vent de fraîcheur pour combattre les îlots de chaleur et c'est ce qu'on fait aujourd'hui », a-t-il lancé.

Denis Coderre en a également profité pour lancer quelques fleurs au gouvernement de Philippe Couillard. « Trop souvent, on a fait les nouvelles parce que Québec ne signait pas les ententes [avec Ottawa]. Là, on a un gouvernement du Québec qui est non seulement à l'écoute de ses citoyens et des municipalités, mais qui veut travailler de concert avec le gouvernement canadien. »

Le premier ministre québécois s'est pour sa part réjoui de voir que les villes pourront profiter de ces investissements pour mettre à jour leurs systèmes de traitement des eaux usées.

Seul bémol, la FQM a plaidé pour qu'Ottawa et Québec n'oublient pas les centaines de milliers de résidences qui doivent se rabattre sur les fosses septiques parce qu'elles ne sont pas raccordées aux réseaux d'égouts. 

Celles-ci sont en effet exclues des importants investissements annoncés hier. « Une résidence isolée est facilement négligeable, mais mettez ensemble les 800 000 que compte le Québec et ça fait une grande ville », a indiqué Richard Lehoux, président de la Fédération québécoise des municipalités.

DEUXIÈME PHASE EN NÉGOCIATION

Quant aux 1,2 milliard sur trois ans annoncés hier, Justin Trudeau a souligné qu'il ne s'agissait là que d'une première phase de son plan sur dix ans. Les négociations pour une deuxième vague d'investissements doivent avoir lieu au cours des prochains mois entre les premiers ministres du Canada et du Québec.

Déjà, le maire Coderre a bon espoir de voir Ottawa profiter de ces futurs investissements pour s'engager dans le prolongement de la ligne bleue du métro ainsi que dans le Réseau électrique métropolitain, les deux priorités du développement des transports en commun de la région de Montréal. À Québec, le maire Régis Labeaume attend pour sa part la confirmation du financement pour le projet majeur de Service rapide par bus pour desservir sa grande région.

Alors que le gouvernement de Justin Trudeau prévoit investir 120 milliards dans les infrastructures du pays d'ici 10 ans, Bernard Sévigny a souligné que les villes québécoises ne manquent pas de propositions. « Les municipalités ont pour 14 milliards de projets prêts à démarrer. »