Esteban Torres Wicttorff, l'homme de 20 ans qui aurait lancé un projectile sur le premier ministre Philippe Couillard, jeudi soir, a comparu cet après-midi au palais de justice de Montréal sous deux accusations, soit voies de fait avec un objet non identifié et tapage dans un endroit public.

Vêtu d'un ample t-shirt noir, le militant transgenre Torres a passé le premier dans la salle des comparutions. Une douzaine d'amis et partisans sont venus au palais de justice. 

L'avocate Arij Riahi, s'attendait manifestement à ce que la Couronne s'objecte à la remise en liberté de son client. Mais la procureure de la Couronne Amélie Rivard a fait savoir que non. Par contre, elle a posé 19 conditions. Certaines ont trait au fait de ne pas s'approcher de Philippe Couillard, et d'autres politiciens, et d'autres restreignent son implication dans des manifestations.

Il ne doit pas non plus participer ou s'associer à toute activité militante reliée au groupe Pink Block. Il doit en outre rencontrer son médecin traitant ou psychiatre d'ici cinq jours et suivre les recommandations de ce spécialiste. La suite des procédures a été fixée au 15 septembre. 

Rappelons que les incidents sont survenus lors d'une veillée pacifique qui se déroulait dans le quartier gai, jeudi, en mémoire des 49 victimes tuées au bar Pulse, à Orlando, la fin de semaine dernière. Selon des témoins, M. Torres a hurlé «Viva la révolucion», avant de lancer un objet au premier ministre du Québec. Ce dernier a reçu l'objet à la poitrine, mais n'a pas été blessé. 





Torres avait ému la ministre Vallée en 2015

Esteban Torres est un militant des droits des transgenres dont le témoignage en commission parlementaire l'an dernier avait ému la ministre québécoise de la Justice, Stéphanie Vallée.

Actif au sein de l'organisme l'Astérisk, qui aide les jeunes des minorités sexuelles, il avait témoigné en avril 2015 de son expérience devant la Commission des institutions. Il était alors question du projet de règlement sur le changement de nom et d'autres qualités de l'état civil pour les personnes transsexuelles ou transgenres.

M. Torres a fait part aux parlementaires de ses difficultés, alors qu'il s'identifie comme un homme, de devoir se démener avec des cartes d'identité sur lesquelles il est indiqué qu'il est une femme. Il a fait état des problèmes vécus pour obtenir du travail et craignait de ne pouvoir s'inscrire à l'université, entre autres choses. Il a aussi confié avoir tenté de s'enlever la vie dans le mois précédent son témoignage.

La ministre Vallée s'est dite à plus d'une reprise touchée par sa situation et son témoignage, répétant en commission qu'il avait dû être très difficile pour le jeune homme de se confier ainsi.

Esteban Torres avait aussi collaboré une fois au journal Métro de Montréal concernant les enjeux vécus par les personnes trans.

- LA PRESSE CANADIENNE