« On voit toutes sortes de réactions. Mais c'est en voyant apparaître l'homme en fauteuil roulant que les gens prennent conscience qu'ils roulaient vite. Certains se mettent même à pleurer. »

On se trouve dans le stationnement d'un centre commercial de Laval. Le porte-parole d'Urgences-Santé, Benoît Garneau, se tient à quelques mètres d'une équipe de pompiers lourdement équipés qui s'affairent à dépecer la carcasse d'une voiture accidentée. La scène n'est qu'une reconstitution d'accident, mais les automobilistes qui la regardent, eux, viennent tout juste de faire un véritable excès de vitesse sur le boulevard des Laurentides.

« L'idée, c'est de les sensibiliser aux risques de la vitesse », explique l'ambulancier.

Plusieurs dizaines d'automobilistes qui dépassaient la limite permise de 50 km/h ont été interpellés hier après-midi par des policiers lavallois, et dirigés vers cette reconstitution d'accident montrant une voiture compacte emboutie par une autre. Après quelques instants, un homme en fauteuil roulant, Nicolas Steresco, paraplégique depuis un accident de moto provoqué par la vitesse en 1999, venait les rencontrer pour leur raconter son histoire.

« On ne vise pas à culpabiliser les gens, mais c'est une façon de leur faire prendre conscience de l'impact que peut avoir leur excès de vitesse », indique Evelyne Boudreau, porte-parole du Service de police de Laval. « C'est prouvé qu'à court terme, ce genre d'exercice de prévention est efficace. Les personnes qu'on a arrêtées risquent de rouler moins vite pendant deux ou trois jours. Le défi, c'est d'arriver à agir sur le long terme. »

Bonne nouvelle pour les chauffeurs fautifs arrêtés : en échange de cette séance de sensibilisation, ils ont eu un congé de contravention. « C'est une bonne chose, commente Martin Simard, un conducteur fautif attrapé alors qu'il roulait à 68 km/h dans une zone de 50. Il devrait y avoir plus d'opérations semblables. Quand tu parles au gars en chaise roulante, ça fait quelque chose. Ça fait réfléchir. »

Longueuil propose de troquer les contraventions des cyclistes

Dans le cadre d'une opération nationale de prévention des accidents, la police de Longueuil a aussi lancé hier un projet-pilote d'un an, durant lequel les cyclistes arrêtés pour violation du Code de la route pourront troquer leur contravention contre une séance de formation interactive d'environ une heure sur la sécurité à vélo. « Depuis les cinq dernières années, le seul type d'accident avec blessés qui est en hausse dans notre agglomération, c'est les accidents impliquant un vélo. On émet 700 constats par année aux cyclistes, mais il nous fallait une nouvelle manière d'aborder le problème, avec une meilleure acceptabilité sociale », explique le capitaine Daniel Côté, responsable du projet-pilote.

L'idée de donner un congé de contravention aux cyclistes contrevenants en échange de cette formation obligatoire est venue d'un des procureurs de la cour municipale de Longueuil, Me Daniel Gauthier, qui s'est inspiré de programmes déjà en place en Europe. Le projet de Longueuil a d'abord dû obtenir l'aval du ministère des Transports, du ministère de la Sécurité publique, et de la Direction des poursuites criminelles et pénales.