Les citoyens de L'Assomption ont payé 3,8 millions en procédures judiciaires impliquant le maire Jean-Claude Gingras, ainsi qu'en rémunération d'employés congédiés, suspendus ou tombés en congé de maladie sous son règne. Et le compteur ne s'arrêtera pas là, puisque 25 litiges sont toujours pendants.

Les six conseillers municipaux de la ville de la couronne nord tenaient à informer la population de ce bilan, même si, en vertu de la loi, la Ville est contrainte d'assumer ces frais juridiques. Selon le conseiller municipal Claude Rivest, ces frais ont été dûment compilés par la trésorerie et le contentieux de la Ville.

«Notre intervention aujourd'hui n'a qu'un seul objectif, celui de faire comprendre à la population de L'Assomption la situation dans laquelle le maire Gingras a placé la Ville en seulement deux ans et pour plusieurs années à venir», ont écrit les six conseillers dans un communiqué rendu public hier.

Au printemps 2015, le maire Jean-Claude Gingras a fait l'objet d'un rapport accablant de la Commission municipale du Québec (CMQ), notamment pour sa gestion des ressources humaines. Dès son premier jour à la mairie, il a suspendu son directeur général. Puis, une dizaine de cadres sont partis en congé de maladie et deux autres ont été suspendus sans solde.

À la suite du rapport de la CMQ, Québec a mis la Ville de L'Assomption en tutelle et a amorcé une démarche pour destituer le maire Gingras, qui est toujours en cours.

La Ville pige dans les surplus

Le conseiller Claude Rivest a indiqué que l'administration épongera la somme de 3,8 millions en allant piger dans les surplus de la Ville. «On fait des pieds et des mains», a-t-il indiqué en entrevue avec La Presse. «Une chance que la Ville était dans une bonne situation financière», a-t-il ajouté.

Le maire Gingras, qui touche un salaire de 57 000 $, n'a pas mis les pieds au bureau depuis 16 mois, mais assiste au conseil municipal chaque mois. «Ils ont entamé des procédures pour me rendre inhabile, ç'a coûté 50 000 $, mais ils ne vous l'ont pas dit», s'est-il insurgé.

Il conteste le chiffre de 3,8 millions; selon son évaluation, les sommes n'ont pas encore été toutes dépensées.

M. Gingras ne compte pas se représenter aux élections en 2017, mais pas question de démissionner en attendant. «Je n'ai pas volé une cenne, je n'ai rien fait de mal», dit-il.

La Ville est paralysée depuis un an, regrette le conseiller municipal Claude Rivest. Plusieurs projets d'infrastructure ont été retardés en raison de toute cette affaire, dont deux projets résidentiels majeurs, précise-t-il.

La facture détaillée

• 65 863 $: Coûts liés à sa cause criminelle. Le maire fait face à quatre accusations : abus de confiance, intimidation d'un témoin, menaces et représailles.

• 724 858 $: Dépenses liées à une enquête publique de la Commission municipale du Québec à la suite de laquelle le maire Gingras a reçu 28 blâmes, ainsi qu'au dépôt d'une plainte en déontologie

• 499 326 $: Dépenses liées à neuf litiges impliquant le maire Gingras et la Ville de L'Assomption

• 988 752 $: Frais déboursés jusqu'à présent dans le cadre de 16 causes devant le Tribunal administratif du travail, la Cour des petites créances et en déontologie policière

• 1 282 123 $: Coûts liés aux employés congédiés, suspendus ou en congé de maladie

• 298 387 $: Rémunération pour remplacer le personnel absent