Dans l'hypothèse où des dizaines de personnes seraient blessées simultanément dans un attentat ou une tragédie grave à Montréal, le réseau ambulancier « ne serait pas prêt à faire face à de tels événements », estime le président du Syndicat du préhospitalier de Montréal, Réjean Leclerc.

« Nous pourrions transporter les victimes de l'attentat, mais nous ne serions plus en mesure de répondre aux opérations régulières. Si des attentats semblables arrivaient ici, ce serait un drame », estime M. Leclerc.

Dans une lettre envoyée le 22 juillet 2013 à la Corporation d'Urgences-santé, M. Leclerc écrivait que « dans la conjoncture actuelle, certains signes mettent en lumière les difficultés majeures qu'aurait la Corporation à répondre à une demande particulièrement élevée en cas de sinistre ». Et selon M. Leclerc, la situation est encore vraie aujourd'hui.

« Il y a de 90 à 100 ambulances en service durant la journée sur le territoire. Il y a environ 1000 à 1200 appels de clients par jour. Donc s'il y avait un attentat avec plusieurs victimes, les 90 ambulances pourraient converger. Mais le reste écoperait, surtout que déjà, on ne suffit pas à la tâche pour les opérations régulières », plaide M. Leclerc.

URGENCES-SANTÉ SE DÉFEND

Adjoint exécutif à la direction générale d'Urgences-santé, Benoît Garneau estime au contraire que ses équipes sont prêtes à faire face aux tragédies. « Nous avons des plans d'intervention pour répondre à ce genre d'événement », dit-il.

M. Garneau admet que si la tragédie était très grave, il pourrait y avoir suspension temporaire des réponses pour les transferts non urgents de patients. Il ajoute que le réseau d'Urgences-santé, comme partout ailleurs, a des limites. « Si on arrivait avec 1000 blessés graves à transporter en même temps, aucun système ne passerait à travers ça, note-t-il. Mais on a des plans pour répondre au mieux à chaque événement, tout en continuant de répondre aux urgences courantes. »

Chaque année, Urgences-santé participe à des simulations de tragédie dans le réseau de la santé. « Le niveau de préparation fait vraiment une différence quand on vit une tragédie », estime M. Garneau.

« Sur les lieux d'une tragédie, on est bons, admet M. Leclerc. On est prêts. »

« Mais en ce qui concerne le transport ambulancier, les effectifs ne sont pas suffisants et ce sont les autres cas, les crises cardiaques et autres, qui ne pourraient être servis correctement », martèle-t-il.

Les hôpitaux se sont exercés

Coordonnateur régional des mesures d'urgence à Montréal, Michel Garceau assure que le réseau hospitalier montréalais est prêt à faire face à une tragédie avec plusieurs blessés. « Depuis quatre ans, les hôpitaux de la région de Montréal procèdent régulièrement à des "simulations de code orange". On peut dire que le réseau est prêt », dit-il.

Un « code orange » est un code utilisé dans le monde entier lors d'une catastrophe ou d'un sinistre externe qui provoque un transport massif de personnes vers les hôpitaux. Au cours des dernières années, ce type d'alerte a été décrété à deux reprises à Montréal, soit en 2006 et en 1989, lors des tueries du collège Dawson et de l'École polytechnique.

Plusieurs exercices ont aussi déjà eu lieu. En octobre 2014, par exemple, l'hôpital du Sacré-Coeur et le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) ont mené une simulation d'écrasement d'avion où une soixantaine de victimes devaient être soignées aux urgences. Le Centre universitaire de santé McGill et l'Hôpital de Montréal pour enfants avaient fait de même l'automne dernier avec 70 patients qui, selon le scénario, avaient été blessés lors d'une collision entre un train de marchandises transportant des substances inconnues et un autobus rempli d'élèves.