L'ex-maire de Toronto, Rob Ford, est mort des suites de son combat contre le cancer. Il était âgé de 46 ans.

«C'est avec le coeur lourd et une profonde tristesse que la famille Ford annonce la mort de leur enfant bien aimé, Rob Ford, à l'âge de 46 ans», indique un communiqué émis par la famille ce matin.

Rob Ford était entré aux soins palliatifs en début de semaine, celui-ci ne répondant plus aux traitements contre son cancer. Cette maladie avait été diagnostiquée en septembre 2014. Il avait alors renoncé à se représenter à la mairie de Toronto, mais a tout de même été réélu conseiller municipal du secteur Etobicoke-Nord, un district qu'il avait déjà représenté de 2000 à 2010.

Son passage à la mairie de Toronto, de 2010 à 2014, avait été mouvementé après qu'une enquête du Toronto Star eut révélé qu'il fumait du crack. Il avait aussi fréquemment été aperçu en état d'ébriété lors d'événements publics. Rob Ford avait longtemps nié avant de finalement reconnaître ses problèmes de consommation d'alcool et de drogue.

Rob Ford s'était fait élire en 2010 en promettant de couper dans les dépenses de l'administration torontoise.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a souligné le décès de M. Ford, «à l'âge trop jeune de 46 ans». «Mes pensées accompagnent sa femme Renata et ses deux jeunes enfants. Nos pensées sont avec toute la famille Ford en ces moments difficiles», a dit Justin Trudeau. 

«Je suis très attristé d'apprendre la mort de Rob Ford après un long combat contre le cancer», s'est désolée Rona Ambrose, chef intérimaire du Parti conservateur. Celle-ci a tenu à souligner qu'«il se battait sans relâche pour les contribuables et était un véritable porte-voix pour les gens qu'il représentait.» 

La chef du Parti conservateur espère que les Canadiens arriveront à mettre de côté les controverses du personnage pour se rappeler ses accomplissements. «Malgré les difficultés et les controverses qu'il a affrontées, c'est mon souhait que les gens se souviendront de Rob Ford pour son amour pour sa communauté et son pays», a ajouté Rona Ambrose.

«Son absence se fera sentir»

Le décès de Rob Ford a suscité une vague de sympathie aussi bien chez ses fidèles partisans que ses plus ardents détracteurs, mardi, dans la métropole canadienne et ailleurs au pays.

Le successeur de M. Ford à la mairie, John Tory, s'est attristé du fait que cet «homme profondément humain» ne reviendra plus jamais à l'hôtel de ville, où «son absence se fera sentir».

Il a salué la mémoire d'un homme «qui exprimait le fond de sa pensée et qui s'est présenté à la mairie animé de convictions profondes».

La première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne, a interrompu la période de questions à l'Assemblée législative pour offrir ses condoléances aux proches de l'ancien maire, alors que les députés apprenaient la nouvelle avec stupeur, même si on savait que M. Ford était déjà aux soins palliatifs.

Soutien de la «Ford Nation»

Ceux qui connaissaient M. Ford décrivent un homme pour qui la loyauté envers les amis et la famille était aussi inébranlable que le soutien qu'il recevait de la «Ford Nation», un groupe d'électeurs inspirés par sa personnalité à la fois dure et simple à laquelle ils pouvaient s'identifier.

«Il est très loyal envers ses amis. Il a un grand coeur, a décrit l'ancien député libéral John Nunziata, un ami de la famille Ford. Il n'envoie pas ses amis à l'abattoir.»

Cette loyauté était réciproque. Sa famille est demeurée à ses côtés malgré les scandales, et par la suite, durant les jours noirs de sa maladie. Un nombre significatif d'électeurs a aussi continué d'appuyer la «Ford Nation».

Son frère, Doug Ford, qui a pris sa relève à la candidature à la mairie après que son cancer eut été découvert, a terminé bon deuxième lors de l'élection en octobre 2014 - un signe de la popularité constante de son frère, selon plusieurs.

M. Ford, qui gardait une photo de son père décédé sur l'ordinateur de son bureau, aimait bien son rôle de monsieur «tout-le-monde». Le gars ordinaire, comme il se décrivait, conduisait sa propre voiture - un VUS de luxe - jusqu'au travail chaque jour et a fait de la guerre à «l'élite du centre-ville» son cheval de bataille.

Il était, selon ses admirateurs les plus réservés, le politicien type qui avait un talent naturel pour faire sentir aux gens qu'il se préoccupait vraiment de leurs soucis.

Peu importent ses accomplissements politiques, son passage à la mairie est devenu célèbre pour l'explosion d'un cirque politique sans précédent qui est rapidement devenu une histoire internationale.

La drogue, l'alcool, le déni, les confessions et les excuses ont alimenté le feu pendant plusieurs mois.

Des vidéos filmées à son insu ont été coulées dans les médias et ont fait les manchettes non seulement au Canada, mais au-delà des frontières. Dans la première vidéo, on le voyait fumer du crack et lancer des insultes à l'endroit des minorités. M. Ford a longtemps prétendu n'avoir aucune idée de ce dont il s'agissait.

D'autres vidéos et extraits audio ont suivi. Il disait des bêtises, faisait des commentaires offensants à l'endroit des femmes. L'équipe de football collégiale qu'il a entraînée pendant des années l'a laissé tomber. Des adjoints de longue date l'ont quitté ou ont été congédiés.

Ultimement, ce fut l'importante et agressive tumeur dans son abdomen qui a mis fin au cirque. Il a amorcé des traitements répétés de chimiothérapie. Il a perdu ses cheveux. Il s'est battu - parfois incapable de monter quelques marches -, même quand il combattait une pneumonie, la preuve que son mantra était qu'un Ford «n'abandonne jamais».

Les détails des funérailles n'ont pas été révélés, mais on s'attend à d'importantes foules ainsi qu'à une chapelle ardente à l'Hôtel de Ville. Le cercueil drapé de Jack Layton avait été exposé dans l'immeuble après sa mort en 2011 - et Ford, alors maire, lui avait dit un dernier au revoir.

«Pour lui, des funérailles sont obligatoires lorsque ce sont des amis», a commenté M. Nunziata.

L'ancien maire laisse dans le deuil sa femme, ses deux enfants, sa mère et trois frères et soeurs.

- Avec La Presse Canadienne et Vincent Brousseau-Pouliot