Laval réclame le statut de ville mandataire en matière de logement social, ce qui permettrait d'obtenir des investissements provinciaux pour la création de nouvelles habitations sur son territoire. Mais la porte semble verrouillée par les compressions gouvernementales.

Le maire Marc Demers en a fait la demande officielle lors de son passage en commission parlementaire, la semaine dernière, dans le cadre des consultations sur le projet de loi 83 modifiant diverses dispositions législatives en matière municipale. « Pour mieux répondre aux besoins de notre population, il m'apparaît clair que nous devons assurer un rattrapage à l'échelle métropolitaine dans le développement de notre offre de logements sociaux et abordables », a indiqué le maire Demers.

Cette demande se fait toutefois dans un contexte de compressions budgétaires de la part du gouvernement de Philippe Couillard. En mars 2015, le gouvernement avait réduit de moitié les fonds destinés aux logements sociaux (1500 devant être réalisés plutôt que 3000). Ces fonds sont gérés par la Société d'habitation du Québec (SHQ).

Mercredi, le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) a d'ailleurs manifesté sa crainte de voir un nouvel abaissement du soutien financier au logement social dans le budget du Québec présenté le 17 mars. Des militants de l'organisme se sont rendus dans le hall d'entrée de Bombardier, à Montréal, pour marquer l'écart entre la décision du gouvernement d'aider Bombardier pour 1,3 milliard pour le développement de son avion C Series et les doutes qui persistent quant à la reconduction du programme de logement social AccèsLogis.

Selon le FRAPRU, chaque dollar investi dans ce programme génère des retombées économiques équivalant à 2,2 $, en plus d'être créateur d'emplois. Le FRAPRU estime que 270 000 ménages québécois ont des besoins pressants en matière de logement social, dont 168 000 dans la région de Montréal.

Une liste d'attente qui s'allonge

À elle seule, la Ville de Laval estime avoir besoin de 230 nouveaux logements sociaux par année. De 2008 à 2015, seulement 662 logements ont été construits à Laval, allongeant ainsi la liste d'attente (1070 ménages sont actuellement inscrits).

En 2015, Laval a obtenu une aide pour 30 familles qui ont reçu la reconduction de la subvention au loyer. Mais ce que la Ville souhaite obtenir, c'est d'abord et avant tout l'aide financière pour de nouvelles constructions.

Or, ce sont les municipalités qui détiennent le statut de mandataire qui ont priorité sur toutes les autres. Seules les villes de Montréal, Québec et Gatineau détiennent ce statut. Ce sont donc ces villes qui sont les premières habilitées à mettre la main sur la large part des logements prévus dans le cadre du programme AccèsLogis et, donc, du financement qui y est rattaché. Toutes les autres municipalités sont reléguées au deuxième tour.

C'est la SHQ qui accorde ce statut. « Pour l'instant, la SHQ ne prévoit pas accorder de nouveaux statuts de ville mandataire », indique l'organisme. On souligne plutôt qu'à l'instar des autres ministères ou organismes gouvernementaux, « la SHQ procède actuellement à une révision de ses programmes et de ses façons de faire ».

« Moins de 4 % des logements lavallois figurent dans la catégorie des logements locatifs abordables, alors que la moyenne au Québec est de 6 %. Pour mieux répondre aux besoins de notre population, il m'apparaît clair que nous devons assurer un rattrapage à l'échelle métropolitaine dans le développement de notre offre de logements sociaux et abordables », a soutenu Marc Demers.

L'été dernier, le maire Demers avait également réclamé le statut de ville mandataire dans la foulée d'une entente entre Ottawa et Québec pour des investissements dans le logement abordable. Jusqu'à maintenant, la demande lavalloise est restée lettre morte.