Des policiers de Longueuil remettent en question les priorités de leur état-major après avoir vu une dizaine d'agents mobilisés en temps supplémentaire pour un blitz de contraventions nocturnes liées au déneigement, alors que les renforts demandés pour la réponse aux appels des citoyens sont de plus en plus difficiles à obtenir, selon eux.

La Presse a obtenu copie d'une directive envoyée il y a un mois par le capitaine Daniel Côté, responsable notamment de la sécurité routière. Après une tempête de neige, Longueuil venait d'annoncer une opération de déneigement nocturne. Le stationnement de nuit était donc interdit ce jour-là, sauf exception.

Le courriel précisait que deux préposés civils au stationnement seraient en fonction ce soir-là, mais qu'il fallait trouver 10 agents, soit cinq pour le district Sud et cinq pour le Nord, qui entreraient travailler en heures supplémentaires à cet effet.

« Cinq policiers par district doivent être assignés à l'application du règlement [ainsi que] les agents sur appels entre les appel », précisait-il.

« Étant le responsable de la rédaction du rapport à la direction de la Ville, je vous demande de me transmettre les noms des agents en temps supplémentaire dans chacun des districts », écrivait-il.

Cette mobilisation a fait sourciller certains policiers.

« Les ressources aux appels sont toujours au minimum, mais pour des tickets de parking, vive le temps supplémentaire ! », dit une source au Service de police de Longueuil.

« Donc, de nuit à Longueuil, l'état-major préfère qu'on donne des tickets de parking au lieu de patrouiller », déplore une source interne, au sujet des instructions distribuées par la direction.

À la Fraternité des policiers de Longueuil, le président Danny Lopez a réagi prudemment lorsque joint par La Presse. « Oui, il y a du temps supplémentaire qui est payé lors des opérations de déneigement. On n'est pas contre, on pense que ça revient aux policiers de faire ce travail, pour plusieurs raisons. Par contre, on aimerait que les budgets soient là aussi pour les autres dossiers. Le Code criminel ça devrait être notre mandat premier », dit-il.

« Ces temps-ci, c'est très difficile, on est toujours au minimum de policiers en fonction. Quand il y a des vacances et des congés à remplacer, on est au strict minimum, et parfois même l'employeur est prêt à tolérer des situations où on se trouve à découvert », dit-il.

Le Service de police et la Ville muets

La direction du Service de police a refusé de commenter publiquement le dossier hier.

La directrice des communications de la Ville de Longueuil, Julie Martineau, n'était pas non plus en mesure de discuter des effectifs policiers et du temps supplémentaire. Elle souligne toutefois que depuis deux ans, le nouveau règlement municipal a considérablement réduit le nombre de jours où le stationnement de nuit est interdit. « Avant, on ne pouvait pas du tout stationner de nuit, pendant 180 jours par année. Maintenant, quand on passe la gratte, on émet un avis pour dire aux citoyens d'enlever les voitures pour éviter qu'elles soient ensevelies. Au lieu de 180 jours, c'est passé à environ huit à dix jours », dit-elle.

Et lors de ces journées, il faut que tout le monde y mette du sien. « Ce qu'on dit aux citoyens, c'est : aidez-nous à vous aider, pour que ça se fasse le plus vite possible », ajoute la porte-parole.