À l'heure où Québec dit vouloir arrimer davantage l'immigration aux besoins du marché du travail, les villes déplorent le désinvestissement du gouvernement dans l'intégration des nouveaux arrivants. La moitié des sommes versées aux administrations municipales a été sabrée dans le dernier budget, a déploré l'Union des municipalités du Québec (UMQ).

L'Assemblée nationale a étudié en commission parlementaire le projet de loi 77, qui cherche à mieux arrimer l'immigration aux besoins du marché du travail. L'UMQ a profité de son passage pour souligner que le dernier budget prévoyait 980 000 $ en mesures de soutien et d'accompagnement de la part du ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion (MIDI), soit la moitié des 2,1 millions alloués lors de l'exercice précédent. « C'est nettement insuffisant compte tenu des défis à venir dans ce domaine dans les prochaines années », a déploré l'UMQ. 

Le maire de Drummondville, Alexandre Cusson, a indiqué que plusieurs municipalités « sentent un désinvestissement de la part du MIDI et une difficulté à conclure de nouvelles ententes de partenariat ». Drummondville attend par exemple depuis 2012 de renouveler une entente sur l'intégration des immigrants. 

Les villes sont prêtes à en faire plus pour assurer l'intégration, mais tiennent à ce que Québec leur consente des ressources.

« On peut en faire plus, mais il faut nous appuyer. C'est fini de demander aux municipalités d'en faire plus sans donner les moyens. »

La ministre Kathleen Weil a répondu que « les sommes avaient bougé » dans le dernier pacte fiscal signé par Québec et les municipalités, mais étaient toujours disponibles. 

Entendue elle aussi hier, la Fédération québécoise des municipalités, qui représente 1000 administrations municipales de plus petite taille, a demandé quant à elle que la « régionalisation de l'immigration » soit inscrite dans la loi. À l'heure où plusieurs villes voient leur population diminuer, « l'immigration devient essentielle au développement de nombreux territoires », a plaidé Richard Lehoux, président de la FQM.

Faciliter la francisation

Les villes ont également demandé un assouplissement des règles encadrant les cours de francisation, celles actuellement en place pouvant nuire à l'intégration. Pour l'heure, il faut un minimum de 15 personnes pour qu'un cours soit offert, un seuil souvent difficile à atteindre en région, ont noté l'UMQ et la FQM. 

« On veut installer des gens en Beauce, mais il faut les envoyer à Montréal se franciser. Il y a un problème », a déploré Richard Lehoux. « Si l'attente pour partir un groupe est de plusieurs mois, ça ne facilite pas l'intégration. Le réflexe, c'est de se décourager, d'aller dans une grande ville pour vivre en anglais ou retrouver des gens de même origine », a ajouté Alexandre Cusson. 

La Ville de Montréal doit quant à elle présenter son mémoire sur le projet de loi 77 la semaine prochaine en commission parlementaire.