Le propriétaire d'une entreprise informatique critique le ministère de l'Immigration (MIDI) dans la foulée du cafouillage du portail « Mon projet Québec ». Nicolas Roberge reproche à Québec d'avoir ignoré ses propositions pour améliorer le fonctionnement du site.

M. Roberge est président d'Evolia, une entreprise basée à Québec et comptant 16 employés.

Il dit avoir pris contact avec le MIDI lorsque les ratés de son portail « Mon projet Québec » ont été mis à jour. Il souhaitait offrir ses services pour améliorer le fonctionnement du site, puisqu'il a déjà créé des portails web pour le Directeur général des élections et pour le ministère des Affaires autochtones.

Mais on a refusé de lui accorder un entretien téléphonique.

« Ils nous ont fermé la porte au nez abruptement en prétextant que c'était sous contrôle. Ce n'est pas sous contrôle, selon moi », affirme Nicolas Roberge.

Depuis le 5 janvier, les candidats à l'immigration en vertu du programme des travailleurs qualifiés ne peuvent plus expédier une demande par la poste. Ils doivent se rendre sur le portail « Mon projet Québec » pour créer un profil d'usager et remplir les formulaires.

Or, l'engorgement monstre du site web a forcé Québec à reporter d'un mois la date à compter de laquelle les demandes seront enregistrées. La raison : on a restreint à 150 le nombre d'internautes qui peuvent s'y connecter à la fois pour éviter de déstabiliser le système informatique du ministère.

Dépassements de coûts

La Presse a révélé cette semaine que la création de ce portail a été marquée par une cascade de dépassements de coûts. Le MIDI a englouti plus de 900 000 $ dans un premier projet d'informatisation des demandes d'immigration qui a été abandonné. La seconde mouture du projet a aussi entraîné des dépassements de coûts, et le portail est dysfonctionnel.

« Ils n'ont absolument pas planifié la capacité qui était requise, ni même l'architecture du système, dénonce M. Roberge. En quatre ans de travail, c'est surprenant et troublant de voir qu'ils n'ont pas été capables de planifier ça. »

Selon lui, il n'était « pas nécessaire » de stopper la première mouture du projet pour refaire les systèmes informatiques. Le Ministère aurait pu implanter le portail bien auparavant, et pour moins cher.

« On est habitués de travailler avec des systèmes comme ça, résume l'entrepreneur. Aujourd'hui, tout le monde veut faire des transactions en ligne, on est à l'époque du commerce électronique. Quand ils font des ventes en ligne au Black Friday ou à Noël, ça ne plante pas comme ça et on parle de volumes transactionnels beaucoup plus élevés. »

Il critique également le processus d'attribution des contrats informatiques du gouvernement, par lequel il est « toujours à prendre les mêmes fournisseurs ».