Un coroner québécois presse Ottawa d'imposer l'ajout de jupes latérales sur tous les camions lourds afin de prévenir des accidents mortels comme celui d'un cycliste montréalais en novembre 2014. La Ville de Montréal devrait quant à elle aménager davantage de zones sécuritaires pour les vélos aux intersections les plus fréquentées.

Le Bureau du coroner a rendu public ce matin le rapport du coroner Jean Brochu sur le décès de Salim Aoudia. Le matin du 27 novembre 2014, celui-ci se trouvait à vélo à l'intersection des rues Wellington et Nazareth quand il a été percuté par un camion qui effectuait un virage à droite pour s'engager sur l'autoroute Bonaventure. Le cycliste s'est retrouvé coincé entre les roues de la remorque arrière et trainé sur 156 mètres avant que le véhicule ne s'immobilise grâce à l'intervention d'une automobiliste témoin de l'accident.

Le coroner invite Transport Canada à «envisager de rendre obligatoire l'installation de jupes latérales de sécurité sous les camions lourds et les remorques». Jean Brochu écrit qu'«il est possible qu'une jupe de sécurité latérale, installée sur la remorque, aurait permis que le cycliste ne glisse pas et ne soit pas écrasé sous les roues de la remorque». De tels dispositifs sont obligatoires en Europe depuis plusieurs années, souligne le rapport.

L'arrondissement Saint-Laurent a été le premier sur l'île à installer de telles jupes sur ses camions, mais cette mesure ne s'applique pas à tous les véhicules circulant sur son territoire.

Ottawa est peu enclin pour le moment à imposer une telle mesure, disant que ses études menées depuis le début des années 2000 sur les jupes latérales n'ont pas démontré leur efficacité. «À la lumière des recherches, Transports Canada n'a pas trouvé suffisamment de preuves pour adopter des règles mettant en place des exigences d'installation de protections latérales», écrit une porte-parole. Ottawa dit étudier d'autres solutions, dont les technologies de prévention des collisions.

Même si l'imposition des jupes relève d'Ottawa, le coroner estime que Montréal pourrait en faire plus.

Le Dr Brochu invite ainsi la métropole à multiplier les aménagements de SAS vélo aux intersections les plus fréquentées par les cyclistes et les camions. Ces zones installées devant la ligne d'arrêt permettent aux vélos de se placer devant les véhicules et ainsi être bien visibles lorsqu'ils s'engagent aux intersections. Le premier a été aménagé en 2011 à Montréal sur la rue Milton, à l'intersection de la rue University.