Les amateurs de la chasse au chevreuil ont connu une bien mauvaise saison l'année dernière. Le temps exceptionnellement chaud de l'automne a grandement limité les activités des cerfs de Virginie dans plusieurs régions, au grand dam de nombreux chasseurs québécois qui sont rentrés bredouilles à la maison...

Les statistiques officielles seront dévoilées dans quelques semaines par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, mais le bilan de la fin décembre dresse un bon portrait de cette saison atypique.

Dans la plupart des régions de la province, il n'y avait pas de neige au sol durant la saison de la chasse au chevreuil, et le rut a été retardé. Ce qui a rendu les bêtes beaucoup plus discrètes qu'à leur habitude. 

« Il a fait trop chaud le jour, les animaux ne bougeaient pas », affirme Simon Duchesne, de la Fédération des pourvoiries du Québec (FPQ). De nombreux chasseurs tiennent exactement le même discours. « Il aurait fallu que la saison se termine au début décembre, soutient M. Duchesne, plutôt qu'à la mi-novembre. » 

D'autres phénomènes expliquent les mauvaises saisons, poursuit ce chasseur. Les hivers rigoureux, par exemple, augmentent le taux de mortalité des animaux et influencent la chasse les années suivantes. Un hiver avec beaucoup de neige et des températures très froides peut réduire le cheptel de chevreuils de 30 à 40 %, indique Martin Dorais, biologiste à la Direction de la gestion de la faune de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. De plus, explique ce spécialiste, des bêtes faibles sont particulièrement vulnérables aux prédateurs comme les coyotes. 

Plan de gestion

Au Québec, la chasse est encadrée par un plan de gestion qui établit la quantité de permis délivrés dans chacune des zones. Le plan actuel se termine en 2017, mais les spécialistes du Ministère peuvent ajuster les permis annuellement, selon les prélèvements de l'année précédente et les conditions hivernales. Cela fera en sorte, par exemple, qu'il sera possible de chasser la femelle dans certaines zones et déterminera combien de permis seront attribués, par tirage au sort. 

Le but est de conserver un équilibre entre une bonne gestion de la ressource - afin de maintenir une population élevée - et une chasse profitable, une activité économique importante, précise Martin Dorais.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Au Québec, le but du plan de gestion de la chasse est de conserver un équilibre entre une bonne gestion de la ressource – afin de maintenir une population élevée de bêtes – et une chasse profitable.

Le Québec est divisé en 28 zones de chasse, toutes espèces confondues. Certaines espèces ne peuvent être chassées que dans un territoire déterminé. Dans d'autres cas, comme pour le cerf de Virginie, le titulaire du permis peut chasser où bon lui semble, du moment qu'il respecte son quota et la réglementation de la zone où il se trouve. 

Québec fait aussi des inventaires aériens des populations de grand gibier, par région. Ces inventaires sont essentiels pour faire une évaluation juste des ressources, dit Simon Duchesne, de la FPQ, même s'ils doivent mener à une réduction du nombre de permis de chasse dans certaines zones. 

Peter Palmer, directeur de Safari Anticosti et chasseur depuis plus de 40 ans, prône aussi une gestion très prudente de la chasse au Québec, sur la « terre ferme » comme sur l'île d'Anticosti où « le seul prédateur du chevreuil est l'hiver ». Il y a deux ans, l'hiver a été catastrophique sur l'île d'Anticosti : « La moitié des chevreuils n'est pas passée au travers », souligne Peter Palmer.

Si la saison de la chasse au cerf de Virginie a été mauvaise en 2015, la chasse à l'orignal a été plutôt bonne, avec une récolte supérieure à celle de 2014. Les chasseurs d'ours, beaucoup moins nombreux, ont aussi connu une bonne saison. 

Davantage de chasseurs

Il y a un regain d'intérêt pour la chasse au Québec depuis une douzaine d'années. « Nous avons fait beaucoup de campagnes pour arriver à changer l'image de la chasse », explique Stéphanie Vadnais, de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs. Ce qui a mené à une nouvelle catégorie de chasseurs dans les bois, des gens qui s'intéressent à l'aspect nutritionnel et écologique de la viande sauvage et qui aiment le côté sportif et touristique de la chasse. Un permis d'initiation a facilité la vie de ces nouveaux chasseurs curieux. 

En 2006, 32 000 personnes ont suivi l'un des cours d'initiation à la chasse, que ce soit à l'arme à feu, à l'arc ou à l'arbalète. En 2014, c'est près de 55 000 Québécois qui ont suivi une telle formation.

QUI CHASSE ?

• Seulement 15 % des chasseurs ont moins de 35 ans.

• 40 % des chasseurs québécois ont plus de 30 ans d'expérience.

• 20 % des chasseurs consacrent à la chasse au moins trois semaines (plus de 21 jours) par année.

• Les résidants de la Côte-Nord chassent plus longtemps que les autres.

• Seulement 3 % des chasseurs ont commencé à chasser pour rapporter un trophée de chasse à la maison.

• 6 chasseurs sur 10 ont une scolarité maximale de niveau secondaire.

• Plus de 7 chasseurs sur 10 ont utilisé la carabine lors de leur dernière chasse.

Source : étude réalisée sur la chasse au Québec pour le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs par la maison SOM, en 2011