La famille de la petite Cédrika Provencher a réagi dimanche à la découverte des ossements de la fillette disparue en juillet 2007, tandis que la Sûreté du Québec effectue des fouilles afin de retrouver des indices qui pourraient conduire au meurtrier.

Le directeur de la SQ, Martin Prud'homme, est d'ailleurs arrivé sur place en fin de matinée. M. Prud'homme avait été l'enquêteur principal au dossier en 2007.

La disparition inexpliquée de Cédrika Provencher en pleine rue avait choqué les Québécois. Huit ans plus tard, les restes de son corps ont été retrouvés samedi dans un secteur boisé de la région de Trois-Rivières.

La famille en a été informée par les autorités samedi soir.

«J'aimerais remercier les gens qui ont fait en sorte que Cédrika est maintenant retrouvée, a réagi le père de la fillette, Martin Provencher, sur sa page Facebook. Sans vous, nous en serions présentement au même point. Vous nous permettez de franchir une autre étape de cet horrible drame. Maintenant, le deuil peut commencer à se faire tranquillement. Je profite aussi de l'occasion pour remercier une population entière qui nous a appuyées de toutes les manières et ce, encore aujourd'hui par votre soutien si palpable. Un immense MERCI à tous les bénévoles, amis, policiers, gens des médias qui ont fait et font un travail extraordinaire.»

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le grand-père de Cédrika a également émis quelques commentaires sur Facebook. «Malgré la douleur et le coeur déchiré, je tiens à remercier du plus profond de mon coeur et au nom de toute la famille de Cédrika, toute la population, les policiers, les médias, les bénévoles nombreux qui ont aidé ou participé de près ou de loin aux recherches de ma petite puce et qui nous ont offert leur soutien et leur collaboration de maintes façons», a-t-il écrit.

Les marques de sympathie et les mots d'encouragements se sont multipliés sur les pages Facebook des proches de Cédrika. 

«Nous sommes touchés par cette vague de sympathie de toute la population. Ça fait chaud au coeur, a réagi Henri Provencher. Notre mutisme, le temps de nous remettre et de reprendre pied, ne doit aucunement être perçu comme de l'indifférence envers vous tous et toutes.»

L'enquête se poursuit

Dimanche matin, une cinquantaine de policiers participaient à une battue dans le secteur où les restes ont été retrouvés afin de découvrir d'autres éléments de preuves. Un hélicoptère survole également le boisé, situé en bordure de l'autoroute 40. Des techniciens en sciences judiciaires et médecine légale sont aussi sur place.

Au cours de la nuit, la SQ a reçu plusieurs informations du public. «Nous sommes à l'étape de colliger toutes ces informations», a affirmé le porte-parole Daniel Thibaudeau. Aucune personne n'a été formellement interrogée depuis cette découverte et aucune arrestation n'a encore été effectuée dans cette affaire.

Tout au long de la journée de dimanche, des passants sont venus déposer des gerbes de fleurs aux abords des zones de recherches. Sa disparition inexpliquée en pleine rue avait choqué les Québécois en juillet 2007. L'enquête d'envergure qui a suivi avait tenu en haleine la population pendant des mois.

Claire Lefebvre et Chantale Béland sont venues porter une peluche, tout en essuyant leurs larmes. Les deux femmes se sont grandement impliquées dans les recherches pour la petite Cédrika, dès les premiers jours de sa disparition. «On a tout fait, des campagnes de financement, des recherches, des vigiles [...] on voulait tellement la retrouver. [...] On en a fait des places, mais on n'est jamais venu ici», a-t-elle expliqué.

Cette dernière dit avoir appelé le grand-père de Cédrika ce matin. «Il est accablé, a-t-elle affirmé. C'est très dur à assimiler, on gardait malgré tout espoir. [...] Quand on a appris la nouvelle hier soir, on a eu un choc, c'est épouvantable», a soupiré Mme Lefebvre.

Pour ces deux femmes qui ont tant espéré retrouver la petite fille, la découverte du corps n'apporte qu'un mince soulagement. «On veut savoir ce qui lui est arrivé et quelqu'un sait quelque chose», a poursuivi Mme Béland.

La directrice de Enfant-Retour Pina Arcamone était sous le choc et n'a pas souhaité faire de commentaires. Mme Arcamone s'était grandement impliquée dans les recherches pour retrouver la fillette. «Je pense à toute la famille, a-t-elle soupiré avant de mettre fin à la conversation. C'est tellement bouleversant.»

De son côté, Michel Surprenant, l'ex-président de l'Association des familles de personnes assassinées ou disparues, a appris la nouvelle lors d'un souper entre amis. «Pour avoir travaillé sur ce dossier, j'ai été envahi d'une grande tristesse. C'est difficile à digérer. C'était comme si c'était ma fille. C'est évident qu'on espère toujours avoir une réponse», raconte-t-il. Lui-même vit depuis 16 ans un drame inhumain : sa fille Julie Surprenant est portée disparue depuis 1999.

«En attendant, on essaie de reprendre le contrôle de sa vie. Il faut rester en santé pour le jour où tu recevras cette nouvelle. Soit le drame va t'écraser, soit il te porte en avant. En attendant, il faut lâcher prise. On ne sait jamais quand la réponse va arriver. Tout le monde se prépare pour Noël et soudainement la famille de Cédrika apprend une nouvelle aussi triste», poursuit-il.

«Avec les années, les chances de retrouver la personne sont de plus en plus minces. Mais faire le deuil est impossible. Si vous vous mettez à la place de la personne disparue, on ne peut pas faire le deuil, ce serait l'abandonner, on ne tourne jamais la page. J'aurais l'impression de trahir ma fille. On apprend juste à vivre sans sa présence.»

Il espère maintenant que des indices permettront aux enquêteurs de retrouver l'assassin de la petite Cédrika, même si la scène de crime s'est inévitablement détériorée en huit ans. Il est toutefois trop tôt pour savoir si les restes de son corps se trouvaient à cet endroit depuis toutes ces années.

L'avocat Me Guy Bertrand, qui a agi comme procureur indépendant pour la famille de Cédrika Provencher a également réagi sur les réseaux sociaux. «Ce soir mon coeur saigne. Je viens d'apprendre qu'on a découvert le corps de la petite Cédrika Provencher à 12 kilomètres de l'endroit où elle a été enlevée à Trois-Rivières en 2007, à l'âge de 9 ans [...] Nous pouvons tous imaginer le chagrin qui est le vôtre aujourd'hui. Mais consolez-vous, car ce petit ange veillera sur vous du haut du ciel et saura conduire les enquêteurs de la SQ vers son assassin.»

Quant au sénateur Pierre-Hugues Boivenu dont la fille a été assassinée, il a offert ses sympathies à la famille et a aussitôt saisi l'occasion pour exiger la création d'un registre public de prédateurs sexuels. «La découverte du corps de Cédrika me confirme l'urgence du gouvernement du Québec d'investir dans un registre public de prédateurs sexuels plutôt que dans un registre inutile des armes à feu», a-t-il écrit sur sa page Facebook. «À tous celles et ceux qui s'opposent à une telle dépense inutile pour réduire les crimes au Québec... continuer à signer la pétition qui sera adressée à l'Assemblée nationale dans les prochains mois.»