Tous les 6 décembre depuis 26 ans, «polytechnique» n'évoque plus une école d'ingénieur, mais bien une tuerie où 14 femmes ont été froidement assassinées parce qu'elles voulaient exercer un «métier d'homme». Cette année encore, l'événement est souligné, mais de façon plus sobre que l'année précédente qui avait marqué le 25e anniversaire de la tragédie.

Sur la Place-du-6-décembre-1989, une centaine de personnes s'est réunie vers midi pour honorer la mémoire des 14 femmes tuées à l'École polytechnique par un homme de 25 ans qui s'est ensuite enlevé la vie. Avant de commettre son geste, il avait écrit une lettre expliquant qu'il voulait tuer des féministes.

Ce premier rassemblement en milieu de journée est, comme chaque année l'occasion de dénoncer la violence faite aux femmes. Depuis quelques années, la Fédération des femmes du Québec qui organise l'événement en profite de cette journée pour rappeler le sort de 1186 femmes autochtones disparues ou assassinées et pour exiger une commission d'enquête afin de faire toute la lumière sur cette situation. 

Viviane Michel, de Femmes autochtones au Québec, a indiqué être quelque peu déçu du nombre de participants, moins élevé que l'an dernier. «C'est dommage qu'on se déplace seulement pour les grandes dates comme le 25e anniversaire», a-t-elle soupiré. 

Néanmoins, cette commémoration est sous le signe de l'espoir, a-t-elle affirmé en raison de l'élection du gouvernement libéral à la tête du pays qui avait fait la promesse électorale de créer une enquête nationale sur les femmes autochtones disparues ou assassinées. 

Ce dernier sera d'ailleurs présent à la cérémonie au chalet du belvédère du Mont-Royal qui aura lieu à 17 h ce dimanche. Une minute de silence sera observée et, de nouveau cette année, la création de Moment Factory, composée de 14 faisceaux lumineux, illuminera le ciel entre 17 h et 22 h. 

Plusieurs dignitaires étaient déjà présents au rassemblement à la Place-du-6-décembre-1989, notamment le ministre responsable des Affaires autochtones Geoffrey Kelley et la ministre de la Justice Stéphanie Vallée.

Françoise David, porte-parole de Québec solidaire, était également sur place. Elle a souligné le geste du gouvernement de Philippe Couillard qui a déposé, il y a quelques jours, un projet de loi visant à créer un registre des armes à feu. Elle critique toutefois le manque d'appuis aux organisations québécoises qui travaillent avec les femmes.

Le député fédéral du Nouveau Parti démocratique, Alexandre Boulerice, a également salué le projet de loi du gouvernement provincial. «On appelle le gouvernement fédéral à être de bonne foi et à transmettre les données qui existent encore [issues du registre national des armes à feu aboli par les conservateurs] au gouvernement du Québec», a-t-il précisé. Mais la question de ramener un registre pancanadien des armes à feu n'est pas à l'ordre du jour, a-t-il reconnu.

Le député a également promis que son parti talonnera le gouvernement fédéral afin que la commission d'enquête sur les femmes autochtones soit rapidement mise sur pied et a offert la pleine collaboration des députés néo-démocrate.