«Le Québec est prêt. Le Québec est prêt», a martelé jeudi le ministre fédéral de l'Immigration John McCallum, de passage à Montréal pour faire le point sur l'accueil imminent de milliers de réfugiés syriens. À ses côtés, son homologue provincial Kathleen Weil a souligné que le Québec avait déjà surpassé le tiers de son objectif pour 2015 en accueillant plus de 1000 réfugiés.

Après un arrêt à Calgary mercredi, le ministre McCallum a poursuivi sa tournée canadienne lors d'un court passage dans la métropole jeudi après-midi pour s'entretenir avec les représentants d'une douzaine d'organismes communautaires. À une semaine de l'arrivée probable du premier vol nolisé de réfugiés - la date officielle n'a pas été confirmée par les deux ministres - John McCallum a déclaré que son gouvernement avait trois priorités : «le logement, le logement et le logement».

«Ce n'est pas juste un projet gouvernemental, c'est un projet de société», a-t-il répété, en lançant un appel à la population, et surtout, aux entreprises canadiennes à contribuer à ce projet. «Ça ne devrait pas être seulement le gouvernement qui dépense tout l'argent», a-t-il ajouté. Le nouveau ministre fédéral espère que le «bon montant d'argent» promis par le CN cette semaine entraînera une vague de générosité chez les entreprises. «Je suis convaincu que ce ne sera pas le seul et que d'autres vont le suivre dans les jours qui viennent.»

Le ministre McCallum a aussi lancé des fleurs à sa province natale jeudi en déclarant que «le reste du pays [avait] beaucoup à apprendre de l'expérience québécoise». En accueillant des réfugiés dans 13 villes, sur 36 villes canadiennes, le «Québec démontre un leadership. Le Québec fait plus que sa part», a ajouté John McCallum, dans son point de presse en français. Le Canada s'est engagé à accueillir 25 000 réfugiés d'ici la fin du mois de février, dont 10 000 d'ici la fin 2015.

Des chiffres rendus publics par Ottawa mercredi ont révélé qu'à peine 6,3 % des réfugiés contactés en Jordanie et au Liban par les Nations Unies au mois de novembre souhaitaient venir au Canada. «Ce n'est pas un chiffre qui représente la réalité», s'est défendu John McCallum. De nombreuses personnes n'ont pas reçu ces messages en raison de «problèmes technologiques», estime-t-il.

Quand il a visité des camps de réfugiés en Jordanie la fin de semaine dernière, le ministre a dit avoir observé «un enthousiasme énorme» chez les Syriens. «Il y a des millions de réfugiés potentiels. Je suis convaincu que beaucoup plus de 25 000 seront ravis de venir au Canada.»

Sur les 3650 réfugiés syriens que prévoit accueillir Québec d'ici le 31 décembre, plus de 1000 d'entre eux sont déjà arrivés, a précisé la ministre de l'Immigration du Québec Kathleen Weil. Il reste donc 2650 à recevoir dans les quatre prochaines semaines. Mais déjà, 2900 Syriens sont en attente de venir au Québec puisque leur dossier a été complété. «Le gouvernement fédéral nous a confirmé que ce serait leur priorité de prioriser ces personnes-là qui attendent depuis plusieurs années», a soutenu la ministre Weil. Ces 2900 Syriens sont tous parrainés par des Québécois et ne sont donc pas à la charge de l'État.

Après la grande région de Montréal qui hébergera l'immense majorité des réfugiés québécois, c'est la Ville de Sherbrooke qui devrait accueillir ses premiers arrivants dans les prochains jours. Kathleen Weil ne s'est toutefois pas avancée sur les modalités exactes de leur arrivée. Les ministres ont d'ailleurs refusé de confirmer que les réfugiés arriveront dès jeudi prochain. «Le 10 décembre, c'est possible, mais ce n'est pas officiel en ce moment. Mais ça va être dans peu de jours. Je ne peux pas vous donner une date précise», a dit le ministre fédéral John McCallum.

La ministre Weil ne s'inquiète en aucun cas du mécontentement que pourrait provoquer dans la population l'arrivée de 25 000 réfugiés syriens en seulement trois mois dans le contexte d'insécurité générée par les attentats de Paris. «Dès que le gouvernement a annoncé son plan et que c'était étalé jusqu'à la fin février, honnêtement, j'ai senti soudainement la pression baissée. On est revenu à ce qu'on était au mois de septembre lorsqu'on a vu ce petit garçon sur la plage et qu'il y avait cet élan d'ouverture et de générosité.»