C'est un séjour prolongé chez ses beaux-parents qui aura sauvé la vie de Feras Hariri, dont la résidence en Syrie a été ravagée par les frappes aériennes du gouvernement, a raconté son frère Anas, de Montréal.

Un groupe rebelle avait pris le contrôle de la ville d'Idleb, dans le nord du pays, et le régime al-Assad a décidé de se «venger» en menant des tirs «à l'aveugle», a expliqué Anas Hariri en entrevue avec La Presse Canadienne. Son frère avait refusé de prendre parti et il a commencé à recevoir des menaces des deux côtés.

Peu de temps après, Anas a commencé à remplir des formulaires pour parrainer Feras, sa femme et leurs trois enfants afin de faciliter leur arrivée à Montréal - un processus fastidieux et complexe, mais qui s'avère profitable pour ces réfugiés, selon M. Hariri. Ceux qui ont des attaches au pays s'intégreront plus rapidement que les milliers d'autres parrainés par le gouvernement qui arriveront prochainement, a-t-il soutenu.

Québec a annoncé qu'il accueillerait 3650 réfugiés syriens avant le 31 décembre et 3650 autres en 2016. La ministre de l'Immigration Kathleen Weil a indiqué que le gouvernement avait réservé 29 millions $ en 2015 pour garantir l'arrivée et l'intégration des nouveaux arrivants, qui s'établiront dans 13 villes de la province.

Anas Hariri a dû embaucher un avocat pour préparer les papiers, ce qui a pris environ quatre mois et lorsque le Canada a reçu ces documents, il a fallu attendre encore un an.

Feras et sa famille sont finalement arrivés en juin 2015, après avoir été relocalisés dans des camps de réfugiés au Liban et en Jordanie à la suite du bombardement de leur maison.

Anas a été informé que les parrains privés ne pourraient accueillir que les réfugiés hébergés au Liban et en Jordanie «sinon (ils) ne peuvent rien faire». Les aspirants parrains devaient formuler leurs demandes à l'aide d'un tiers parti reconnu - dans son cas, l'organisme Action Réfugiés Montréal l'a pris sous son aile.

Les parrains privés sont responsables financièrement des gens qu'ils accueillent pour la première année. Anas avait alors dû déposer 12 000 $ à l'organisation de réfugiés pour recevoir la famille de son frère. L'argent sera remis graduellement dans les 12 mois suivant l'arrivée des réfugiés.

Feras et sa famille sont chanceux: Anas leur a trouvé un appartement et l'avait meublé «minimalement», il les avait inscrits à des cours de français et il s'était occupé de l'organisation de la scolarité des enfants.

Anas avait contacté une commission scolaire de la région de Montréal, qui avait un bureau spécial pour les réfugiés. Si les enfants ne satisfont pas les exigences en français, ils doivent s'inscrire à des «classes d'accueil», où ils apprendront la langue jusqu'à ce qu'ils aient les connaissances suffisantes pour rejoindre les autres élèves.

Le plus jeune des enfants, qui a sept ans, est fin prêt à entrer dans une classe «normale» après moins de six mois à apprendre le français. Les deux autres enfants, âgés de 13 et 14 ans, ont encore besoin d'un peu de temps.

Anas, qui a lui-même immigré à Montréal de la France il y a huit ans, avait quelques conseils pour les nouveaux arrivants: «La première étape est de respirer profondément. N'exigez pas le maximum de vous-mêmes. Prenez votre temps, trouvez une maison, trouvez une école pour vos enfants, et commencez à comprendre votre nouvelle société».