Les automobilistes qui consomment du cannabis courent un risque deux fois plus élevé d'être impliqués dans un accident de la route, selon une recension effectuée par l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), à la veille d'une décriminalisation possible de la substance.

Le tour d'horizon scientifique rédigé par des spécialistes de la toxicologie relève aussi que le manque d'expérience des jeunes sur la route rend encore plus dangereuse la conduite avec les facultés affaiblies par la consommation de cannabis.

«Le cannabis a bel et bien une influence négative significative sur les fonctions cognitives et motrices nécessaires à une conduite automobile sécuritaire», écrivent les auteurs Pierre-André Dubé et Marisa Douville dans leur rapport d'une trentaine de pages.

Si la publication de l'étude au lendemain de l'accession au pouvoir de Justin Trudeau, qui est pro-légalisation, relève du hasard, le débat politique ambiant figure tout de même parmi les éléments de contexte qui ont poussé l'INSPQ à commander ce rapport scientifique.

Fonctions touchées

Sous l'effet du THC, l'ingrédient actif du cannabis, «les fonctions perceptuelles et psychomotrices [des consommateurs] sont grandement touchées : l'attention baisse, le temps de réaction augmente et le suivi de trajectoire et le contrôle moteur diminuent», continuent-ils.

Les automobilistes ayant consommé du cannabis réagissent moins aux panneaux routiers, prennent plus de temps à freiner et ont les réflexes émoussés «lors de situations imprévues».

«Le risque relatif d'accident de la route est presque doublé chez les consommateurs de cannabis», et ce, «malgré certains comportements compensateurs des conducteurs lorsqu'ils se savent intoxiqués», ajoute le rapport.

Les scientifiques ont toutefois eu beaucoup de difficulté à évaluer précisément la rapidité avec laquelle les capacités de conduite se dégradent à mesure que la quantité de cannabis consommé augmente. Le fait que les doses et les moyens de consommation varient grandement n'aide pas non plus à établir ces données avec certitude. Et pour mêler encore davantage les cartes, la consommation de cannabis s'accompagne très souvent de consommation d'alcool.

«Il n'est pas possible de déterminer hors de tout doute raisonnable comment l'altération de la conduite par la consommation de cannabis chez un individu peut être mesurée précisément», concluent M. Dubé et Mme Douville.

Il n'a pas été possible, vendredi, de s'entretenir avec les auteurs de l'étude.