Une réunion d'urgence des chefs autochtones de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) est convoquée mardi à Val-d'Or dans la foulée des révélations de femmes autochtones qui disent avoir été agressées par des policiers de la Sûreté du Québec (SQ).

Le chef de l'APNQL, Ghislain Picard, espère que la plupart des 43 chefs seront présents malgré ce court préavis.

«Devant la gravité de la situation, nous avons convenu qu'il fallait se réunir rapidement pour évaluer les faits», a-t-il expliqué à La Presse.

L'Assemblée se concertera sur les positions et les revendications des communautés en réaction à cette histoire révélée par l'émission Enquête la semaine dernière. Une marche de solidarité envers les femmes autochtones qui ont témoigné contre des policiers de la SQ a par ailleurs été organisée hier soir à Val-d'Or.

«Les chefs sont unanimes pour demander une enquête indépendante. On a des doutes sur la capacité du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à faire toute la lumière sur ce qui s'est passé», a dit M. Picard.

Dans le reportage de Radio-Canada, des femmes autochtones confiaient avoir été agressées sexuellement par des policiers de la SQ à Val-d'Or. Jeudi, Québec a reconnu avoir été mis au courant de la situation au printemps dernier. La ministre de la Sécurité publique a indiqué qu'une enquête interne avait été déclenchée et que ses conclusions étaient sur le point d'être transmises au Directeur des poursuites criminelles et pénales. Le lendemain, la ministre a toutefois annoncé que l'enquête avait été transférée au SPVM et que huit policiers visés par des allégations avaient été mis en «retrait administratif».

Une confiance «effritée»

Ces révélations sont survenues alors que les communautés autochtones revendiquent une enquête publique sur les 1200 femmes autochtones disparues ou assassinées au Canada depuis 30 ans. « Le nouveau premier ministre du Canada s'est engagé à tenir une commission d'enquête nationale. Ça doit se faire, le temps presse. Nous allons donc discuter mardi de cet enjeu et de la façon dont on pourrait envoyer un message clair», a souligné Ghislain Picard.

Le chef de l'Assemblée n'avait jamais encore entendu parler d'allégations d'agressions sexuelles par des policiers à l'endroit de femmes autochtones, mais il dit ne pas avoir été étonné.

«On a surtout entendu parler d'enquêtes bâclées, de plaintes qui n'aboutissent à rien, mais pas d'agressions sexuelles.»

Selon M. Picard, cette situation effrite fortement la confiance, déjà très faible, des communautés autochtones envers les autorités policières.

Amnistie internationale a également réclamé une enquête «véritablement indépendante» et exigé que le gouvernement du Québec mette en place les conditions pour faciliter la dénonciation des agressions qui auraient été perpétrées par des agents de la SQ.

Amnistie internationale documente la crise des femmes autochtones assassinées et disparues au Canada depuis plus de 10 ans. L'organisme dit avoir souvent dénoncé, entre autres, le manque de ressources et les réponses inadéquates des institutions policières et judiciaires dans ce dossier.

- Avec La Presse Canadienne