Odeurs dérangeantes, bris à répétition, accumulations de boues nauséabondes : la nouvelle usine d'épuration de Boisbriand, marquée par un scandale de corruption, est une véritable ruine, selon la Ville. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, l'un des constructeurs dit maintenant avoir découvert des déversements illégaux d'huile et de graisse minérales industrielles qui nuisent au fonctionnement des installations.

Un tribunal a déjà prononcé des condamnations criminelles dans le dossier de la nouvelle usine de traitement des eaux usées, construite au coût de 28 millions à partir de 2007. L'ex-maire Robert Poirier et l'ancienne vice-présidente de la firme de génie Roche, France Michaud, ont notamment été reconnus coupables de fraude, complot et abus de confiance dans le cadre d'un marché entre élus et entrepreneurs pour le partage des contrats municipaux.

Cette semaine, la Ville est passée à une autre étape en déposant une poursuite civile contre Roche, la multinationale Véolia et les assureurs qui ont cautionné le projet.

À l'origine, la modernisation des installations de traitement des eaux usées était jugée pressante en raison des odeurs nauséabondes qui importunaient les citoyens de Boisbriand, lit-on dans la poursuite.

L'entreprise Infrabec, responsable de la construction, avait donc confié à son sous-traitant, Véolia, la tâche d'installer un système « exclusif » qui compacte des « gâteaux » de boues solides, dont on extrait un maximum d'eau avant d'aller les enfouir.

Pluie de problèmes

Lorsqu'est venu le temps de mettre en service ce nouveau système, en 2009, divers problèmes ont fait leur apparition : rouille, dysfonctionnement des capteurs de lavage, des pompes d'eau, des joints d'étanchéité.

Pire, les « gâteaux » de boues compactées demeuraient collés dans les installations et un travailleur était obligé chaque jour de « gratter chaque plaque du filtre-presse afin d'en dégager les boues, ce qui représente un travail considérable dans des conditions difficiles vu les odeurs et la chaleur de l'endroit », expliquent les avocats de la Ville.

L'enfouissement des « gâteaux » coûtait aussi plus cher que prévu, car ils contenaient beaucoup plus d'eau que prévu en raison de l'inefficacité du processus. Mais surtout, les odeurs nauséabondes ont continué à importuner les citoyens.

« Il est impératif pour la Ville que la technologie à la Station d'épuration procure une réduction extrêmement substantielle des odeurs, et ce, tel qu'il a été divulgué à plusieurs reprises à Roche et Véolia », précise la poursuite.

Déversements illégaux

Loin d'accepter la responsabilité pour les déboires de l'usine, Véolia a elle-même déposé le même jour une poursuite contre la Ville, dans laquelle elle lui réclame divers frais supplémentaires.

L'entreprise affirme que certains bris de pièces de ses systèmes sont « attribuables au fait qu'elles [ont] été exposées à des quantités anormales d'huile et de graisse minérales de type industriel illégalement déversées dans les réseaux d'égouts municipaux ».