La Commission de la construction du Québec se fait rassurante, alors que des syndicats représentant des ouvriers et des journaliers s'inquiètent de la réflexion qu'elle vient d'entamer sur les juridictions des métiers, c'est-à-dire les tâches de chacun.

Au cours d'une entrevue avec La Presse Canadienne, mardi, la CCQ a assuré qu'il n'était pas question de tout chambarder. Si elle mène cette réflexion, c'est que la loi, dit-elle, exige qu'elle produise un rapport au gouvernement à ce sujet.

«La question n'est pas de faire table rase de toutes les juridictions de métiers pour recommencer. C'est vraiment plus de regarder ce qui s'est produit dans les 40 dernières années, comment les changements se sont passés sur les chantiers et de se poser des questions sur «qui doit faire quoi', quel métier, et dans le contexte actuel, où les choses changent à un rythme très rapide dans la société, comme dans la construction», a expliqué le porte-parole de la CCQ, Simon-Pierre Pouliot.

La réflexion de la CCQ, d'ailleurs, ne porte que sur neuf sujets précis, comme le recoupement des tâches des peintres et des plâtriers, l'opération d'équipement lourd et de pelles mécaniques et la distinction entre le métier d'électricien et celui d'installateur de systèmes de sécurité.

La CCQ signale qu'elle a reçu plus de 80 mémoires et plus de 80 commentaires et communications sur ces thèmes, preuve de la pertinence du sujet.

N'empêche qu'après les syndicats représentant les ouvriers de métier - comme plombier, électricien -  c'est au tour de ceux qui exercent des «occupations», c'est-à-dire les journaliers et manoeuvres spécialisés, d'exprimer leurs préoccupations à ce sujet, mais aussi leurs revendications.

Dans son mémoire remis à La Presse Canadienne, l'Union internationale des journaliers d'Amérique du Nord revendique d'ailleurs que les travailleurs exerçant des occupations dans l'industrie de la construction soient reconnus comme «métier», au même titre que les ouvriers de métier.

«La révision des métiers (que vient d'entreprendre la CCQ) ne viendra aucunement régler l'amélioration des méthodes de travail dans l'industrie de la construction si les occupations ne sont pas reconnues comme des métiers. Nous sommes convaincus que la création de corps de métiers pour les occupations améliorera la productivité de l'industrie de la construction», écrit le syndicat dans son mémoire.

Ce syndicat international, affilié au Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), souligne qu'ils sont 25 000 au Québec à exercer ces «occupations» dans la construction.

La FTQ-Construction aussi réitère la revendication de longue date de voir reconnus les travailleurs exerçant des occupations. «Il serait temps que l'on intègre de plein droit 20 pour cent de la main-d'oeuvre de l'industrie de la construction que l'on condamne à un statut précaire», plaide-t-elle dans son mémoire.

La plus grande organisation syndicale de la construction exprime aussi de fortes réserves face à cette réflexion de la CCQ sur les métiers. «Nous sommes encore une fois confrontés à une nouvelle consultation visant à modifier le champ de compétence pour certains métiers. Pourtant, rien ne fonde une telle démarche. Aucne étude sérieuse n'a été produite à l'appui des constats posés et des résultats espérés», se plaint-elle.

La FTQ-Construction affirme qu'il n'y a eu que «14 conflits de compétence et au mieux quatre conflits», et ce, pour «157 700 salariés et 25 724 employeurs» depuis que de nouvelles procédures de résolution des conflits ont été introduites dans les conventions collectives. Elle se demande donc si la réflexion de la CCQ sur les métiers n'est pas «un épouvantail dont on se sert à toutes occasions pour obtenir des concessions de la part des travailleurs et des employeurs».

La Commission de la construction entend analyser l'ensemble des mémoires et communications reçus tout au cours de l'automne. D'éventuelles propositions seraient ensuite déposées au courant de l'année 2016, a précisé M. Pouliot.