Une circulation qui vire au cauchemar, des évacuations, un peu de panique... mais rien de plus grave: l'incendie d'un véhicule récréatif hier matin dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine donne l'occasion de braquer les projecteurs sur les protocoles d'intervention dans le tunnel. Des protocoles tenus secrets par mesure de sécurité... mais qu'on dit néanmoins bien huilés.

«Comme le tunnel La Fontaine est un espace fermé, ce qui entraîne des défis supplémentaires, c'est encore plus critique. Le Service de sécurité incendie de Montréal et le ministère des Transports du Québec collaborent pour élaborer et mettre en action des protocoles d'intervention, comme ç'a été le cas ce matin», a expliqué hier Mario St-Pierre, porte-parole du MTQ.

Le MTQ refuse de dévoiler les détails de ces plans pour éviter de donner des informations à des gens qui seraient mal intentionnés. Les plans exacts du tunnel sont aussi gardés secrets. Mais en interrogeant divers intervenants, La Presse a tout de même pu comprendre certains éléments.

Pompiers

Outre le MTQ, la Sûreté du Québec, les pompiers de Montréal et de Longueuil ainsi que les ambulanciers de Montréal et de la Rive-Sud ont tous leur rôle à jouer en cas de problème dans le tunnel.

Chacun assume des tâches précises. Les pompiers, par exemple, ont divisé le tunnel en deux zones - l'une sous le contrôle de Montréal, l'autre sous celui de Longueuil. Hier, l'accident s'est produit dans le tronçon montréalais du tunnel.

«Dans ce cas, nous prenons le contrôle des opérations, et les pompiers de Longueuil sont en soutien. Si c'est dans la partie de Longueuil, c'est le contraire. Il y a une portion au milieu du tunnel qui n'a pas été divisée. Dans cette zone, ce sont les premiers arrivés qui dirigent les opérations», explique Pierre Lévesque, directeur adjoint, soutien opérationnel, au Service de sécurité incendie de Montréal.

Les ambulanciers disent procéder différemment.

«Normalement, si l'accident se produit dans les voies en direction de Montréal, c'est la Rive-Sud qui intervient. Si ça arrive vers la Rive-Sud, c'est nous. Le but est d'arriver dans le bon sens», explique Stéphane Smith, porte-parole d'Urgences-santé, à Montréal.

Les véhicules d'urgence n'ont toutefois pas à parcourir le tunnel en entier pour faire demi-tour. Il existe de nombreuses portes numérotées qui permettent de passer d'une direction à l'autre.

Hier, les ambulances n'ont pas eu à pénétrer dans le tunnel. Des équipes se sont postées à chaque entrée, prêtes à intervenir en cas d'urgence.

«À moins qu'il y ait une situation où chaque minute compte, il est plus facile pour nous de rester à l'entrée et d'attendre qu'on nous amène les blessés», explique M. Smith.

Ministère des Transports

C'est le MTQ qui agit comme chef d'orchestre et coordonne l'ensemble des intervenants. Les véhicules d'urgence qui veulent entrer dans le tunnel doivent s'assurer qu'ils ont la voie libre et auront l'espace nécessaire pour manoeuvrer, surtout s'ils décident de rouler à toute vitesse en sens inverse de la circulation.

«L'une des premières choses que nous faisons est d'envoyer un représentant de la SQ au centre de contrôle du MTQ», a expliqué hier la Sûreté du Québec.

La priorité des intervenants est d'assurer la sécurité des usagers de la route. Hier, ceux-ci ont dû sortir de leur véhicule. On leur a demandé de se rendre au centre du tunnel, entre les voies qui mènent à Montréal et celles qui mènent à la Rive-Sud, où se trouve un sas. De là, il est possible d'évacuer le tunnel à pied par des corridors d'évacuation qui mènent à deux tours de sortie. L'une est située dans l'île Charron, l'autre sur la rue Notre-Dame, à Montréal.

Le MTQ possède un système de communication pour rassurer et diriger les gens en cas d'urgence. Il dit aussi surveiller l'ensemble des installations du tunnel 24 heures sur 24 avec des caméras qui sont scrutées par des gens formés à cette fin.

Le tunnel est doté de plusieurs systèmes de ventilation distincts.

«Nous suivons les normes internationales et nos systèmes permettent d'éviter d'exposer les gens qui sont dans le tunnel à des fumées ou des gaz toxiques par une manipulation de ventilateurs très puissants», explique Mario St-Pierre, du MTQ.

Les pompiers, eux, ont accès à plusieurs «cabinets d'incendie» à même le tunnel, qui abritent des prises d'eau, des pompes et des génératrices.

- Avec Philippe Teisceira-Lessard et Louis-Samuel Perron

Transport des produits pétroliers dans le tunnel

L'incendie d'hier a été causé par l'explosion de bonbonnes de propane dans un véhicule récréatif. Selon les informations qui circulaient hier, le véhicule transportait beaucoup plus de propane que permis. 

Voici ce que vous devez savoir si vous avez l'intention de trimballer votre bonbonne de BBQ ou des bidons d'essence dans un tunnel au Québec.

Gaz inflammable (comme le butane ou le propane)

• Il est interdit de transporter une bouteille de plus de 46 litres.

• Il est interdit de transporter plus de deux bouteilles, peu importe leur capacité.

• Le maximum permis: deux bouteilles de 46 litres chacune.

• Si vous transportez les bouteilles dans votre voiture, une fenêtre doit être entrouverte. Si les bouteilles sont dans le coffre de la voiture, celui-ci doit aussi être entrouvert.

Liquide inflammable comme du diesel ou de l'essence.

• Il est interdit d'en transporter plus de 30 litres. Le liquide peut être dans un seul contenant ou plusieurs, sans limites quant au nombre.