L'équivalent d'un parc national - mais de propriété privée - pourrait bientôt voir le jour sur le territoire de l'ancienne seigneurie du patriote Louis-Joseph Papineau, en Outaouais. Le chef de la direction financière de Google, Patrick Pichette, souhaite mettre sur pied un centre de recherche scientifique et d'écotourisme sur la réserve naturelle de Kenauk.

De passage à l'Assemblée nationale pour recevoir l'Ordre du Québec, mardi, M. Pichette confirmé qu'il serait l'un des administrateurs de l'Institut Kenauk. Ce centre de recherche et d'études écologiques permettra d'assurer la conservation du vaste territoire de 265 kilomètres carrés, qu'il a acquis en 2013 avec un groupe d'hommes d'affaires et la Société canadienne pour la conservation de la nature.

La réserve suscite un grand intérêt dans le milieu de la recherche, affirme M. Pichette, car le territoire est resté quasi intact depuis 300 ans.

«Toutes les universités cognent à la porte parce que c'est un éco-environnement unique, a indiqué M. Pichette. On [y] trouve une faune et une flore qui n'existent plus nulle part ailleurs et il y a un bassin hydrologique comme il ne s'en trouve nulle part.»

Le territoire recèle la plus importante population d'érable noir - une espèce vulnérable - connue au Québec. On y trouve aussi des tourbières et plusieurs grands mammifères comme le loup, l'orignal et l'ours.

L'Institut Kenauk sera chargé de coordonner les projets de recherche scientifique sur la réserve. Le projet prévoit un volet éducatif en partenariat avec des écoles primaires et secondaires. L'Institut étudiera également des moyens de poursuivre le développement de l'écotourisme, le secteur accueillant déjà des chasseurs et des pêcheurs.

«Il faut que ce soit rentable, parce que quand c'est rentable, tu n'as jamais besoin de passer le chapeau, explique M. Pichette. Il faut trouver quels sont les infrastructures et les services qu'on va offrir pour pouvoir rendre tout l'environnement profitable, mais juste assez pour assurer la pérennité des lieux.»

Litige

La réserve Kenauk était autrefois une seigneurie appartenant au chef patriote Louis-Joseph Papineau, au XIXe siècle.

Patrick Pichette et ses partenaires l'ont achetée au fonds d'investissement Oxford Properties pour 43,7 millions, en décembre 2013.

La réserve a défrayé la chronique parce qu'un groupe de citoyens du village de Boileau s'étaient adressés aux tribunaux pour obtenir le droit de naviguer sur le lac Papineau, situé au coeur du site. La Cour suprême leur a récemment donné raison en refusant d'entendre l'appel de la réserve.

M. Pichette a indiqué que le litige était déjà actif depuis des années lorsqu'il s'est porté acquéreur de la réserve en 2013. «Tout ça est derrière nous», a-t-il assuré.

Il dit avoir discuté de la mise sur pied de l'Institut Kenauk avec les citoyens de Boileau et que ceux-ci ont donné un appui enthousiaste à son projet.

M. Pichette a annoncé en mars qu'il quitterait son poste de chef à la direction financière de Google. L'Institut Kanauk sera l'un de ses nombreux projets de retraite, a-t-il indiqué mardi.

PHOTO PC

Patrick Pichette et Philippe Couillard.