Le gouvernement du Manitoba présentera jeudi ses excuses officielles pour tous les jeunes Autochtones qui ont été arrachés de chez eux et confiés en adoption à des familles non autochtones, dans les années 1960, mais certains d'entre eux se sentent plutôt exclus de cette initiative.

Le président de la Fédération des Métis du Manitoba, David Chartrand, a indiqué que personne au gouvernement n'avait consulté les Métis relativement à ce geste de réconciliation, ou même songé à inviter leur représentant pour la déclaration officielle du premier ministre néo-démocrate Greg Selinger, jeudi, à l'Assemblée législative.

Selon M. Chartrand, le gouvernement du Manitoba semble vouloir faire porter le blâme sur Ottawa dans cette affaire, alors que ce sont des travailleurs sociaux de la province qui sont venus arracher des enfants autochtones des bras de leurs parents pour les confier à l'adoption - jusque dans le sud des États-Unis.

M. Chartrand rappelle que les Métis ont été exclus de l'entente sur les pensionnats fédéraux pour Autochtones, conclue en 2005, qui prévoyait notamment le versement de compensations totalisant 1,9 milliard $ aux victimes, et la création de la Commission vérité et réconciliation du Canada, qui vient de déposer son rapport. Le président de la fédération craint que les Métis soient encore laissés pour compte.

Les pensionnats fédéraux pour Autochtones, administrés par l'Église, ont accueilli - des années 1870 jusqu'aux années 1990 - environ 150 000 enfants autochtones séparés de leur famille pour être «civilisés». Dans les années 1960, les Métis du Manitoba, eux, étaient confiés à l'adoption.

D'autres voix accueillent favorablement ces excuses officielles du gouvernement manitobain, mais attendent davantage. Le grand chef des Premières Nations du nord de la province, David Harper, soutient que les enfants adoptés ont encore besoin d'un soutien psychologique et d'une aide pour retrouver leurs parents biologiques.