Un spectacle de musique et de combats illégaux mettant en vedette un groupe québécois d'extrême droite vient de causer une commotion dans un village du sud-est de la France, où le maire a interdit l'événement. En vain.

Légitime Violence était l'une des deux têtes d'affiche du rassemblement, qui aurait réuni quelque 200 militants skinheads à Talencieux, en Ardèche, samedi dernier, selon les journaux locaux.

Averti à la dernière minute de la tenue d'un rassemblement skinhead dans son village, samedi, le maire de Talencieux a signé en journée un «arrêté d'interdiction» rendant l'événement illégal. «Mais comme c'était lancé, il aurait fallu deux escadrons de gendarmerie pour arrêter tout ça», a déploré le maire Robert Seux, en entrevue téléphonique avec La Presse. «Donc [les gendarmes] ont laissé faire et ils surveillent.»

Le groupe de Québec, qualifié de néonazi par ses détracteurs, ne se dit pas publiquement fasciste, mais plutôt «anti-antifasciste». «Ces petits gauchistes efféminés qui se permettent de nous critiquer n'oseront jamais nous affronter. On va tous les poignarder», chante Légitime Violence dans une composition de son cru.

Le groupe reprend aussi les pièces antisémites d'autres groupes. «Déroulons les barbelés, préparons le Zyklon B!», chantent-ils dans Amours perdus, en référence au gaz utilisé dans les camps de concentration de l'Allemagne nazie.

Mauvais prétexte

Le maire Robert Seux déplore de s'être «fait avoir». En effet, le centre communautaire local municipal où s'est tenu le rassemblement avait été loué pour un «anniversaire». C'était plutôt «la ligue nationaliste Pride France» qui était derrière le coup, selon le réseau d'information français BFM-TV.

Comme c'est souvent le cas pour les groupes musicaux d'extrême droite, le lieu exact du concert a été publié à la toute dernière minute sur les réseaux sociaux.

«La machine Légitime violence tiens a remercier les gars d'hexagone pour notre premier concert en France qui fût une tuerie», ont-ils ensuite proclamé sur leur page Facebook. En plus du groupe de Québec et du groupe italien Gesta Bellica, les individus présents ont pu assister à des combats de free fight, un sport de combat si violent que sa pratique est interdite en France.

Contacté par La Presse, le groupe a refusé de commenter l'affaire.

Talencieux n'est pas le seul lieu où Légitime Violence s'est produit pendant son passage en Europe. Sur sa page Facebook, le groupe se vante d'avoir aussi chanté à Édimbourg, à Rome et à Barcelone, où le spectacle s'est «terminé en émeute générale».

Ces skinheads ont fait les manchettes en 2011 dans leur ville d'origine, alors que leur participation à un festival musical lui avait attiré de vives critiques. Ils avaient finalement été déprogrammés.

En 2013, lors de leur précédente tournée européenne, ils avaient été interdits de concert dans une municipalité belge.

Les paroles de chansons et la page Facebook du groupe foisonnent d'appels à la violence contre les «antifascistes», les «pédophiles», les «communistes» et les «gauchistes» en général. Leurs t-shirts promotionnels montrent un pied-de-biche ensanglanté et entouré des mots «snitch hunter club» («club des chasseurs de délateurs»).