Le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) a de nouveau érigé un Camp pour le droit au logement, vendredi à Montréal, et a de nouveau été forcé de le démanteler bien qu'il avait réussi, cette fois, à s'installer complètement.

La centaine de campeurs du FRAPRU avaient choisi une propriété provinciale où le règlement municipal interdisant le camping dans les parcs ne s'applique pas, en l'occurrence le terrain de l'ancienne Agence de santé et des services sociaux de Montréal, dans l'arrondissement du Plateau Mont-Royal, un édifice presque vide depuis l'abolition de l'Agence par le gouvernement libéral.

C'est cette absence d'infrastructure administrative dans l'édifice qui a permis au FRAPRU de s'installer, avait indiqué à La Presse Canadienne son coordonnateur, François Saillant, avant que ne soit émis un avis d'éviction.

«La police ne peut pas intervenir sans qu'une plainte ne soit faite ou qu'un avis d'éviction ne soit demandé, signé par une personne responsable. Puisque l'Agence de santé et des services sociaux n'existe plus vraiment, ça crée une ambiguïté qui nous profite», expliquait-il dans l'heure précédant l'émission de l'avis d'éviction. La plainte est finalement venue de la Société québécoise des infrastructures (SQI), qui gère les édifices du gouvernement du Québec.

Plusieurs campeurs ont ensuite voulu prendre la rue sous forme de manifestation après avoir démonté leurs installations, mais les policiers montréalais n'ont fait preuve d'aucune tolérance et ont aussitôt remis une quinzaine de constats d'infraction en vertu du Code de la sécurité routière que les manifestants promettaient déjà de contester. Aucune arrestation n'a toutefois été signalée.

Jeudi, les campeurs n'avaient pas encore eu le temps de finir de s'installer dans un parc immédiatement à côté du quartier général du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) qu'ils étaient chassés par les policiers montréalais.

Le démantèlement avait donné lieu à des échanges verbaux et quelques empoignades, qui avaient mené à trois arrestations pour entrave au travail des policiers.

La suite du mouvement reste maintenant à déterminer, les organisateurs du FRAPRU devant reconnaître que leur marge de manoeuvre ne sera pas étendue.

«Notre objectif c'est de continuer, a indiqué M. Saillant à l'issue de ces développements. On verra la forme sous laquelle ça va se continuer parce qu'il semble maintenant évident que peu importe où on va aller, la police de Montréal va trouver le moyen d'avoir un avis d'éviction.»

Selon lui, une des seules façons de maintenir un camp serait sur un terrain privé appartenant à des groupes sympathiques à la cause, telle une communauté religieuse ou une église, mais il ne semblait guère enclin à poursuivre sur la même lancée.

«Je vois difficilement comment ça pourrait continuer sous sa forme actuelle, mais il y a d'autres formes où ça pourrait continuer», s'est borné à dire le militant de longue date.

Dans un communiqué publié vendredi en fin de soirée, le FRAPRU a indiqué que le Camp pour le droit au logement devenait «itinérant», et qu'il continuerait ses activités, mais «en différents lieux et sans tentes».

L'organisme évoquait pour samedi un «comité d'accueil» à Denis Lebel, lieutenant québécois du premier ministre Stephen Harper, lors d'un discours au congrès de l'Union des municipalités du Québec, à Montréal, et d'autres ateliers et manifestations.

Les campements du FRAPRU visaient à sensibiliser le grand public aux problèmes de logement, de pénurie de logements sociaux et d'itinérance et à faire pression sur les gouvernements provincial et fédéral, qui ont tous deux réduit le financement du logement social.

L'organisme reproche à Québec d'avoir fait passer de 3000 à 1500 le nombre de nouveaux logements sociaux dans le dernier budget et à Ottawa de réduire progressivement les sommes consacrées au logement social qui seront complètement éliminées au cours des prochaines années.

Le FRAPRU souligne que ces décisions n'auront d'autre effet que d'augmenter les loyers pour les plus démunis et d'aggraver la pénurie de logements abordables.