Le groupe Walt Disney se dissocie des auditions tenues la fin de semaine dernière à Montréal par ModelandTalent.tv, une entreprise aux pratiques controversées.

Samedi dernier, des centaines de parents se sont rendus dans un hôtel de Dorval à l'invitation de l'agence, dans l'espoir de voir leur enfant décrocher un rôle à l'international. Une publicité radio diffusée toute la semaine invitait les jeunes à venir auditionner et leur faisait miroiter des rôles sur les plus grands plateaux de télévision du monde.

La Presse a accompagné une famille qui doutait de la véracité de l'affaire. Sur place, une représentante a affirmé sans gêne aux parents que son agence était affiliée à des multinationales, dont Disney.

«Disney Channel n'est affilié à aucune agence qui facture des services sur-le-champ, écoles ou ateliers de théâtre. Nous n'avons autorisé aucune recherche de talent, y compris Model and Talent à Montréal ou ailleurs», indique Patti McTeague, vice-présidente aux communications de Disney Channels Worldwide.

«Disney protège avec vigueur son nom et sa propriété intellectuelle, et prend au sérieux ce genre d'utilisation abusive», poursuit-elle.

Une fois que les enfants étaient «sélectionnés», ModelandTalent.tv les encourageait à consulter ses offres, qui oscillaient entre 2000 et 8000 dollars pour un contrat avec l'agence. Les parents étaient souvent contraints de signer sous pression pour ne pas risquer de perdre la chance qui s'offrait à leur enfant, faisait-on valoir. L'entreprise promettait des rencontres Skype avec des agences et des producteurs de distribution, en plus d'avoir accès à une banque de données.

La présidente de l'Union des artistes, Sophie Prégent, y voit une arnaque pure et simple. Elle n'y accorde aucune crédibilité.

«C'est truffé d'incohérences. Ce sont des vendeurs de rêve. C'est dommage», lance-t-elle en entrevue à La Presse. Demander de l'argent pour passer une audition n'a tout simplement aucun sens, selon elle. Il est normal de donner un pourcentage de ses recettes à une agence, mais jamais pour y être intégré. Elle pense que les gens devraient se méfier un peu plus de ceux qui promettent des carrières internationales dès le début, surtout lorsque les enfants ont un «accent en anglais» et n'ont pas d'expérience.

«Ces parents-là, qui sont allés à l'audition, j'aurais envie de leur dire: "Faites des recherches avant d'y aller". [...]Ce qui est dommage, c'est que les enfants finissent par y croire», conclut Sophie Prégent.