Accusée de tous les maux par la SAQ, contestée par les détaillants, plombée par un prix du dépôt qui stagne depuis 30 ans, la consigne se porte plutôt bien, du moins pour les canettes d'aluminium, selon les plus récentes statistiques obtenues par La Presse.

En effet, au cours des cinq dernières années, le taux de récupération des canettes s'est amélioré.

Autre constat, qui ne surprendra personne: le taux de récupération semble plus efficace avec dépôt de 20 cents qu'avec un dépôt de 5 cents.

Ces données sont-elles applicables à une éventuelle consigne des bouteilles de vin? Oui et non. Mais elles alimentent le débat déjà vif sur le choix des solutions à la crise du recyclage du verre.

Le système de consigne québécois permet de récupérer de plus en plus de canettes en aluminium. Le taux de récupération est passé de 66% à 70% entre 2010 et 2014, selon les données de Recyc-Québec. C'est une bonne performance, étant donné qu'on choisit souvent la canette pour consommer une boisson hors du foyer. Mais il y a place à l'amélioration. Aux États-Unis, dans les États qui imposent une consigne, le taux de récupération est de 84%.

S'il avait suivi l'inflation depuis son instauration en 1984, le montant de la consigne des canettes devrait s'élever à 11 cents aujourd'hui. Le montant de 5 cents est encore très répandu sur le continent. Il s'applique dans 10 États américains, dont le Maine, le Vermont, New York et la Californie. Le Michigan a fixé la consigne à 10 cents dès 1990, ce qui a permis d'atteindre un taux de récupération de 95%.

Le système de consigne québécois n'est pas parfait: 30% des contenants ne sont pas récupérés - du moins pas par cette voie. En 2013, au Québec, plus de 400 millions de canettes consignées n'ont pas été remboursées. Avec ce nombre de canettes, on aurait pu construire 23,5 Boeings 777. Ce gros-porteur est composé à 70% d'aluminium.

Le taux de récupération des canettes grand format dont la consigne est à 20 cents a été de 83,6% au total pendant les années 2010 à 2013. C'est 17 points de plus que pour les canettes consignées à 5 cents, qui comptent pour 95% de toutes les canettes. Si celles à 5 cents avaient été aussi bien récupérées que celles à 20 cents, 829 millions de canettes de plus auraient été récupérées. C'est assez pour construire 95 avions Boeing 777.

Des économies énormes

Une fois les canettes récupérées, le plus dur est fait. La quasi-totalité des canettes récupérées est recyclée. Et pour cause: la réutilisation de l'aluminium coûte 20 fois moins d'énergie que de produire de l'aluminium neuf à partir de la bauxite. Pour l'aluminium, l'emballage est le deuxième usage en importance (23%), après le matériel de transport (36%). «La consigne pour nous est importante, parce c'est un circuit fermé qui a fait ses preuves et qui est très performant», affirme Jean Simard, président de l'Association de l'aluminium du Canada.

L'an dernier, la valeur moyenne sur le marché d'une tonne de canettes recyclées au Québec était de 1401$. La canette d'aluminium - consignée ou non - est de loin la matière résiduelle la plus rentable. Par comparaison, le papier blanc - le plus recherché - valait 304$ la tonne. Le type de plastique le plus prisé valait 702$ la tonne. Et le verre? Le verre mélangé, produit par la collecte sélective, contaminé par une foule d'autres matières vaut moins que rien. Sa cote en 2014: 27$ la tonne. Par le passé, la valeur du verre clair a varié entre 20$ et 40$ la tonne. La valeur du verre de couleur a oscillé entre 5$ et 15$ la tonne.

Partout où l'on peut comparer les deux systèmes, la consigne est plus performante que la collecte sélective, à tout le moins pour les canettes. Aux États-Unis, le taux de récupération est de 84% là où les canettes sont consignées, mais seulement de 39% là où elles ne le sont pas, selon le Container Recycling Institute. Au Québec, le taux de récupération des métaux par la collecte sélective, incluant les canettes, est de seulement 52%.

Des exceptions

Même contenant, deux traitements. Seules les canettes de bière et de boisson gazeuse sont consignées, et ce, depuis 1984. Depuis, de nouvelles boissons en canettes sont apparues: boissons énergisantes, eaux minérales, jus de fruits ou de légumes. Tout aussi recyclables, mais sans consigne, ces contenants se perdent plus souvent dans la nature ou s'égarent au dépotoir.

- Avec William Leclerc et Serge Laplante