Ottawa reconnaît avoir eu de la difficulté à venir en aide jusqu'à maintenant aux Canadiens se trouvant au Népal.

«On n'a pas d'ambassade au Népal, on a un consul honoraire», a dit pour sa défense le ministre des Affaires étrangères, Rob Nicholson, au cours d'une conférence de presse hier.

Quelques heures après le séisme, Gilles Renaud a reçu un courriel de sa femme, en voyage au Népal. Elle était saine et sauve, mais cherchait un moyen de rentrer au pays. Il a alors appelé au ministère des Affaires étrangères du Canada, et on lui a répondu que sa femme devait écouter les conseils des autorités locales. Elle a finalement trouvé un vol par ses propres moyens pour retourner au pays. M. Renaud croit que le Ministère a mis trop de temps avant d'aider les ressortissants canadiens.

«Quand tu regardes les autres bulletins de nouvelles dans le monde, tu vois qu'ils ont une cellule de crise qui est drôlement plus importante que nous autres. C'est comme si on avait mis du temps à partir notre propre cellule de crise», dit-il.

«Il n'y a aucun support du gouvernement canadien pour ceux qui veulent être rapatriés», a pour sa part déclaré à La Presse Jolyane Bérubé, Québécoise qui séjourne à Pokhara, à quelque 200 kilomètres de la capitale.

Des employés du Haut Commissariat du Canada à New Delhi, en Inde, ont tenté par deux fois de se rendre à Katmandou, mais leur avion n'a pu se poser. Trois agents consulaires sont finalement arrivés hier soir, selon le ministère des Affaires étrangères.

Selon le registre des Canadiens à l'étranger, 462 Canadiens se trouveraient au Népal, mais leur nombre pourrait être plus élevé, l'inscription au registre étant facultative. D'ailleurs, il ne comptait que 388 inscrits avant le séisme.

Un avion C-17 Globemaster des Forces armées canadiennes a décollé dimanche soir de la base militaire de Trenton, en Ontario, avec à son bord du matériel de recherche et de survie, de l'eau et des rations alimentaires. Il devrait se poser à Katmandou ce matin, si possible.

Une quarantaine de militaires de l'Équipe d'intervention en cas de catastrophe, connue sous son acronyme anglais DART, est à bord. Quelque 150 autres sont prêts à être déployés en cas de besoin.

L'appareil «sera également disponible pour évacuer des Canadiens du Népal et de l'Inde», a indiqué le ministre du Développement international, Christian Paradis. 

Le ministre Paradis a également annoncé la création du Fonds de secours aux victimes du séisme au Népal, dans lequel Ottawa versera l'équivalent de ce que les Canadiens donneront à des organismes de bienfaisance d'ici le 25 mai.

«Capital politique»

L'envoi de l'Équipe d'intervention en cas de catastrophe (DART) est une «mauvaise idée», estime le directeur de l'Observatoire canadien sur les crises et l'action humanitaire de l'UQAM, François Audet.

L'ancien travailleur humanitaire estime que les secouristes canadiens arriveront trop tard pour faire de la recherche et du sauvetage.

«C'est un outil très politique, très sexy, dit M. Audet. Ça facilite une réponse du premier ministre lui-même en cas de catastrophe, qui se fait du capital politique à quelques mois des élections.»

Les militaires canadiens ne manqueront cependant pas de travail, reconnaît François Audet, notamment pour approvisionner la population en eau potable - ce en quoi ils ont une expertise - , mais leur déploiement «est très coûteux».

Une aide américaine de 10 millions $

Les États-Unis ont annoncé lundi le déblocage de dix millions de dollars d'aide au Népal.

En dévoilant cette assistance lors d'une conférence de presse commune avec le gouvernement japonais à New York, le secrétaire d'État John Kerry s'est dit choqué par les «images déchirantes» de victimes et de destructions au Népal, un pays de l'Himalaya.

John Kerry a précisé qu'outre le million de dollars d'aide d'urgence déjà annoncé ce week-end, Washington avait débloqué «neuf millions» de dollars supplémentaires, soit dix millions au total pour le Népal.

À ses côtés devant la presse, le ministre japonais des Affaires étrangères Fumio Kishida a annoncé l'envoi de huit millions de dollars d'assistance humanitaire de Tokyo pour Katmandou.

Du côté des États-Unis, «cet argent sera utilisé pour répondre aux priorités immédiates afin de sauver des vies dans des opérations de recherche et de secours, ainsi que pour fournir des abris d'urgence, de l'eau potable et d'autres besoins dans les prochains jours», a précisé dans un communiqué l'USAID, l'agence humanitaire du département d'État.

La diplomatie américaine a également annoncé qu'une équipe de 130 personnes spécialisée dans les catastrophes naturelles était dépêchée sur place, ainsi que 45 tonnes de fret. Le Japon, grand pourvoyeur d'aide humanitaire et expert en matière de réponse aux tremblements de terre, doit également envoyer 110 spécialistes pour aider le Népal.

En outre, Washington avait fait part au cours du week-end du décès confirmé de trois de ses ressortissants. Le porte-parole du département d'État Jeffrey Rathke a indiqué lundi que «quatre citoyens américains étaient morts dans la région de l'Everest», dévoilant l'identité de deux d'entre eux.

Il n'a pas précisé combien d'Américains étaient présents sur le territoire népalais -- dans la capitale, en province ou sur l'Everest -- au moment du séisme samedi.