Il n'y a pas assez d'inspecteurs dans les abattoirs et les usines de viande du Québec pour assurer la salubrité de leurs produits, dénonce le syndicat représentant les inspecteurs fédéraux, sur la foi des données d'un sondage interne. Et le couperet risque de tomber à nouveau sur les effectifs mardi dans le budget fédéral, craint-il.

Selon le syndicat Agriculture, ce sondage - réalisé grâce à des sources internes qui ont vérifié les niveaux de dotation de personnel dans les abattoirs et les usines de transformation, y compris les postes non comblés - révèle une pénurie d'inspecteurs partout au Québec.

Il en manquerait près de 30, uniquement dans la province, note le syndicat membre de l'Alliance de la fonction publique du Canada.

«Cela signifie que l'on coupe les coins ronds en matière de salubrité», dénonce dans un communiqué Bob Kingston, le président du syndicat.

L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) est responsable de contrôler la salubrité et la sécurité des produits alimentaires, et place notamment des inspecteurs au sein même des usines de transformation et des abattoirs.

La pénurie affecte déjà le système, mais de plus, une rumeur court que l'ACIA subira d'autres compressions dans le budget fédéral qui sera déposé mardi, redoute M. Kingston.

Selon l'organisation syndicale, des formations essentielles ont été annulées ou retardées en raison du manque de main-d'oeuvre.

M. Kingston estime que «le gouvernement fédéral a baissé la garde» depuis la crise de la listériose de 2008, qui s'est produite dans une usine de la compagnie Maple Leaf à Toronto. À cette époque, 22 décès ont été rapportés en lien avec des infections causées par la bactérie listéria, présente dans des viandes froides.

Le problème ne serait pas qu'au Québec, prévient-il, mais partout au pays, notamment en Alberta. La  province fonctionnerait depuis plus d'un an avec 33 pour cent d'inspecteurs de moins que le seuil minimum prévu par les normes de l'agence fédérale.

Il affirme de plus qu'un système d'inspection à deux niveaux a été instauré selon lequel les viandes destinées aux consommateurs canadiens répondent à des standards d'inspection moins élevés que celles produites pour l'exportation. Cette dernière affirmation a été contredite par la ministre de la Santé, Rona Ambrose, mais le syndicat maintient sa version.

Le syndicat demande à Ottawa d'augmenter sans tarder le nombre d'inspecteurs.

L'Agence canadienne d'inspection des aliments n'était pas en mesure de répondre lundi à ce sondage, ni de préciser combien d'inspecteurs sont en poste dans les usines et abattoirs du Québec.