Le projet n'est même pas encore approuvé par le Conseil des ministres - il est au menu pour mercredi -, mais déjà, un mouvement de protestation s'élève pour bloquer l'intention d'Hydro-Québec de relier le Lac-Saint-Jean à l'est de l'île de Montréal par une nouvelle ligne de transport, un projet de 1,2 milliard.

Le projet Chamouchouane-Bout-de-l'Île doit être annoncé cette semaine pour marquer le premier anniversaire de la formation du gouvernement Couillard.

Or, un regroupement de citoyens de Lanaudière propose une autre solution: utiliser d'anciennes emprises en y remplaçant les installations devenues désuètes.

Dans une lettre transmise au premier ministre Couillard, le groupe propose même de soumettre à ses frais son scénario à un expert indépendant, un ancien ingénieur d'Hydro-Québec qui s'est déjà dit disponible. Les frais seraient de moins de 10 000$ et le travail pourrait être fait dans un délai de 30 jours, soutient le groupe, qui exhorte le gouvernement à retarder d'autant son annonce.

Selon le groupe, le projet serait tout autant créateur d'emplois, mais il ne comporterait pas les conséquences prévisibles, pour la population des localités traversées et pour l'environnement, du projet de 400 kilomètres mis de l'avant par Hydro-Québec.

La Presse a annoncé en fin de semaine l'imminence du dévoilement. Véronique Hivon, députée péquiste de Joliette, circonscription qui sera traversée par la nouvelle ligne, a déploré l'attitude «bulldozer» du gouvernement. La Fondation Rivières a déjà pris fait et cause contre le projet mis de l'avant par Hydro.

En mars dernier, après avoir entendu les représentations d'Hydro-Québec, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) estimait, dans son rapport sur le projet, qu'en vertu de l'évaluation de l'impact sur l'environnement, le projet Chamouchouane-Bout-de-l'Île «devrait faire l'objet d'une pause, le temps que l'information nécessaire soit acquise, d'autant plus que le promoteur [Hydro-Québec] dispose d'une marge de manoeuvre». En effet, Hydro n'aura pas besoin de la capacité de cette ligne avant 2020.

Lignes existantes

L'autre option avait été mise sur la table par Hydro, soit passer par des lignes existantes en améliorant la performance des postes, constatait le BAPE.

Une évaluation comparative des deux options sur les plans humain, écologique et économique devrait être faite au préalable, estimait le BAPE. La Régie de l'énergie conclura plus tard que le projet privilégié par Hydro restait le plus économiquement intéressant, sans toutefois tenir compte des autres aspects.

Le BAPE retient aussi la proposition d'Option Citoyenne, soit d'utiliser les emprises existantes et de remplacer les anciennes lignes à 315 kV par celles plus performantes à 735 kV. «Le potentiel de réutilisation des emprises devrait faire l'objet d'une étude à l'échelle du Québec par Hydro-Québec», indique le BAPE dans son rapport.

En effet, le tracé proposé par Hydro pour sa ligne «fait l'objet d'une opposition ferme de la part des municipalités locales et régionales, de citoyens, d'agriculteurs, de gens d'affaires de Lanaudière, région qui comporte déjà plusieurs centaines de kilomètres de lignes de transport d'électricité».

Avant d'aller de l'avant, «d'arrêter son choix, le promoteur aurait pu réaliser une analyse des coûts humains et écologiques des deux solutions envisagées», de soutenir le BAPE.