Le phénomène de la radicalisation au Québec « peut être en croissance », a dit la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, jeudi, après l'ouverture d'une enquête policière sur six Québécois qui serait partis en Syrie pour rejoindre des groupes djihadistes.

Questionnée sur l'ampleur du problème au Québec, la ministre a d'abord indiqué qu'il s'agit de « nouveaux phénomènes ».

« Je ne veux surtout pas vous donner des chiffres comme tel parce que c'est certain qu'avec internet, c'est un phénomène qui peut être en croissance, a-t-elle ajouté. On le voit ici, on le voit ailleurs au Canada. C'est beaucoup plus présent en Europe, en France, en Belgique et au Royaume-Uni. »

Mme Thériault qualifie d'« inquiétant » le départ d'un groupe de Québécois, partis combattre en Syrie. D'autant plus que, dans au moins un cas, le père du jeune homme a tenté en vain de l'empêcher de quitter le Canada.

« Lorsqu'on voit que des jeunes se radicalisent, il faut être en mesure de sonner l'alarme, a dit Mme Thériault. Et il est évident que pour des parents qui ont choisi de venir vivre au Québec, de voir leur enfant partir dans ces conditions, ce doit être un drame épouvantable. » 

Le gouvernement libéral estime que l'épisode révélé jeudi matin présente un problème de sécurité. Mais pour les partis de l'opposition, Québec ne peut étudier le problème dans une lorgnette si étroite.

« Notre opinion était qu'il y avait une croissance du phénomène et on avait raison de s'inquiéter, estime la leader parlementaire du Parti québécois, Agnès Maltais. Je pense qu'à ce moment, il faut se mettre en marche pour la compréhension du phénomène et la prévention. »

Selon elle, le gouvernement n'est « pas outillé » pour faire face aux problèmes de l'intégrisme religieux et de la radicalisation. Son parti propose depuis janvier de créer un poste d'observateur de l'intégrisme, dont le rôle serait de documenter et mieux comprendre ces phénomènes.

Bien qu'il ne soit pas possible de surveiller les sites web fréquentés par chaque Québécois, Mme Maltais croit qu'une meilleure compréhension du problème permettrait à Québec de se doter de meilleurs mécanismes pour détecter des cas de radicalisation.

« Quand on a travaillé avec des organismes communautaires sur le terrain ou dans les écoles, on voit à quel point il y a tout un réseau social qui est tissé, qui permet de voir qu'un jeune dérape et de le ramener dans le droit chemin », dit Mme Maltais.

La Coalition avenir Québec juge pour sa part « extrêmement inquiétant » que des Québécois, dont certains fréquentaient encore récemment le collège Maisonneuve, puissent songer à rejoindre des groupes djihadistes.

« Le gouvernement ne peut pas rester les bras croisés, a déclaré le député caquiste Jean-François Roberge. On pense qu'il faut s'attaquer à la base, y aller du côté de la prévention. »

La CAQ propose de modifier la Charte québécoise des droits et libertés pour interdire des enseignements qui iraient à l'encontre des « valeurs québécoises ». M. Roberge estime qu'une telle mesure permettrait de prévenir des cas de radicalisation.