Les entreprises privées devraient être obligées de se doter d'un programme d'accès à l'égalité en emploi destiné à favoriser les représentants des minorités ethniques les plus susceptibles d'être victimes de racisme, selon la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.

L'État devrait donc les forcer juridiquement à adopter un mécanisme visant à contrer toute forme de racisme et de discrimination au moment de recruter des employés, plaide l'organisme dans son mémoire présenté mercredi dans le cadre de la consultation publique menée par le gouvernement sur la future politique d'immigration du Québec.

Le gouvernement devrait commencer par donner l'exemple et accorder un statut particulier aux membres des «minorités racisées» (qu'on pense aux Noirs et aux Asiatiques) lorsqu'il y a embauche dans la fonction publique, a fait valoir le président de l'organisme de défense des droits, Jacques Frémont.

Car les nouveaux arrivants issus des minorités visibles sont systématiquement sous-représentés «dans toutes les catégories d'emploi de la fonction publique», déplore la commission dans son document étoffé, assorti de 23 recommandations remises à la ministre de l'Immigration, Kathleen Weil.

Ces personnes, trop souvent victimes de discrimination à l'embauche pour des motifs n'ayant rien à voir avec leurs diplômes ou leurs compétences, devraient donc faire partie d'«un groupe cible distinct et spécifique» aux yeux du gouvernement à titre d'employeur, recommande la commission, qui revendique de plus l'adoption d'une politique globale de lutte contre le racisme et la discrimination.

À la discrimination à l'embauche qui frappe ces minorités s'ajoute la disparité salariale, a dénoncé de son côté la présidente de l'organisme Communication pour l'ouverture et le rapprochement interculturel, Samira Laouni.

Une cinquantaine d'intervenants participeront à cette consultation au cours des prochaines semaines. La future politique d'immigration sera accompagnée d'un plan d'action et donnera lieu par la suite à une réforme en profondeur de la loi sur l'immigration, vers la fin de l'année.

«Il y a une grande préoccupation par rapport à la deuxième génération (d'immigrants), qui se sent exclue de la société québécoise», a commenté la ministre Weil en point de presse, mercredi matin, avant d'entreprendre la consultation.

Elle a déclaré que le gouvernement devait agir pour éliminer les barrières qui freinent la pleine intégration des immigrants.

Mme Weil a cité le cas de la communauté noire anglophone, «qui est peut-être la communauté qui souffre le plus d'exclusion».

L'emploi demeure la clé qui ouvre toutes les portes de l'intégration, selon la ministre, qui insistera durant la consultation sur une meilleure adéquation à trouver «entre les besoins du marché du travail et la sélection» des candidats à l'étranger.

L'opposition péquiste s'est montrée d'accord avec le postulat «très réaliste» voulant que «l'idée de faire venir du monde sans qu'il soit connecté au marché du travail procède d'un aveuglement qui parfois a des conséquences qu'on ne peut pas toujours mesurer en amont», a commenté le député de Bourget, Maka Kotto, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'immigration.

La Coalition avenir Québec (CAQ) a fait valoir l'importance de trouver le juste équilibre entre le nombre d'immigrants accueillis et les ressources consenties par Québec pour franciser et intégrer les nouveaux arrivants au marché du travail.

«Nous nous questionnons sur la capacité d'accueil du Québec», a commenté le député caquiste de Borduas, Simon Jolin-Barrette, en estimant que les ressources disponibles actuellement n'étaient pas suffisantes.

Québec accueille chaque année de 50 000 à 55 000 immigrants.