Les auteures de la campagne d'autocollants visant des professeurs de l'UQAM sont parvenues à «usurper» une liste d'envoi de courriels de l'administration, le week-end dernier, et ont envoyé un message à tous les étudiants afin de défendre leur geste, a appris La Presse.

Le 29 novembre, jusqu'à 40 000 étudiants ont reçu un courriel non signé intitulé «Harcèlement et violences» et qui semblait provenir des services de communication de l'UQAM. Mais rapidement, ils ont compris qu'il ne s'agissait pas d'un envoi officiel.

On apprend notamment dans le courriel que ce ne sont pas trois, mais bien six professeurs qui ont été visés par les campagnes d'autocollants, dont une femme.

«[À] celles/ceux qui se sont empressé.e.s de parler des personnes dénoncées en questionnant d'abord et avant tout ce qui a été fait et laissant sous-entendre qu'il n'y a aucune preuve de la culpabilité des agresseur.es. Vous êtes-vous arrêté deux secondes pour vous indigner et éprouver ne serait-ce qu'un peu d'empathie pour les victimes des gestes qui ont été posés?», écrivent-elles dans le courriel, que La Presse a obtenu.

«Ce qu'on a fait, on l'a fait parce qu'on était écoeurées que ces comportements soient sus par quelques personnes bien placées, mais restent dans l'ombre du privé ou de la discussion de corridor. Alors, vos «présomptions d'innocence», vos «fausses dénonciations», on va s'en passer», poursuivent-elles.

Elles précisent que «l'anonymat permet un rapport de force». «On s'est fait reprocher à plusieurs reprises de garder l'anonymat. [...] Sachez qu'on ne changera jamais notre méthode d'action. Nous savons qu'elle est légitime.» La lettre critique aussi au passage le système judiciaire patriarcal, les médias de masse, en citant La Presse, ainsi que les hommes militants qui se disent «alliés» et qui récupèrent leur cause.

«Nous sommes plus que vous ne le croyiez et jamais nous ne nous tairons!», concluent-elles.

Ce courriel a pu être envoyé en usurpant une liste d'envoi de l'administration de l'UQAM, notamment. Selon nos informations, des étudiants ont reçu ce message à partir de l'adresse des services de communication ainsi que de celles de certaines associations étudiantes.

«Les premières informations que nous avons indiquent qu'il s'agit d'usurpation d'adresses courriel [email spoofing], mais que cette opération a été réalisée sans intrusion dans nos serveurs informatiques», a expliqué à La Presse la porte-parole de l'université, Jenny Desrochers.

- Avec Hugo Pilon-Larose et Jasmin Lavoie