Loto-Québec a perdu sa mise de 100 millions de dollars dans des casinos en France. Elle a cédé à deux fonds d'investissement ses parts qui ne valaient plus rien dans le Groupe JOA.

Cela ne marque pas la fin de l'aventure de Loto-Québec en France. La société d'État conserve en effet des intérêts dans deux casinos, dont l'un ouvrira ses portes l'an prochain.

En 2005, devant la stagnation de son marché local, Loto-Québec s'est lancée dans une expansion en France. Sa filiale Casino Mundial s'est portée acquéreur de 35% des intérêts dans le Groupe JOA (société anciennement appelée Moliflor), responsable de la gestion de 21 casinos.

Au total, Loto-Québec a investi 98,3 millions dans cette affaire. Or, la récession et les effets de la loi antitabac ont fait mal. Au 31 mars, les intérêts de la société d'État ne valaient plus rien.

Deux fonds d'investissement, le britannique Alchemy et l'américain Davidson Kempner, se sont montrés disposés à mettre la main sur le Groupe JOA. «Vous savez que cet investissement-là n'a pas donné les résultats escomptés, que la valeur de l'investissement était nulle. Il nous est apparu que, dans les circonstances, c'était la meilleure transaction possible que de céder nos parts aux nouveaux acheteurs», a expliqué le directeur des communications à Loto-Québec, Jean-Pierre Roy, hier.

Comme le veut la procédure habituelle, le gouvernement Couillard a d'abord dû autoriser Loto-Québec à céder ses intérêts. Le décret a été adopté le 22 octobre et publié dans la Gazette officielle hier. La transaction a eu lieu à la fin d'octobre.

«Les acheteurs prennent en charge la dette du Groupe JOA et investissent de nouveaux capitaux, a expliqué M. Roy. Dans la mesure où la valeur de l'action était nulle, il n'y a pas de versement» au profit de Loto-Québec. Bref, la société d'État a perdu ses investissements de 98,3 millions et n'a rien obtenu pour la vente. «Il y a des prêts d'une valeur de 15 millions que nous avons cédés à la nouvelle entité. Si, par la suite, il y a une vente ou un mouvement quelconque, il y a des sommes qui nous reviendraient par rapport à ce prêt-là», a précisé M. Roy.

De 21 à 2 casinos

Loto-Québec conserve 35% des parts de deux casinos. Elle a contracté des prêts de 7,9 millions liés à ces établissements. L'un d'eux, à Seyne-sur-Mer, a ouvert ses portes l'an dernier. «Il est rentable», selon M. Roy. L'autre, à Giffaumont-Lac du Der, lancera ses activités l'an prochain. «Ce n'est pas un retrait complet» de Loto-Québec en France. «Nous passons de 21 à 2 casinos», a expliqué M. Roy.

Selon son rapport annuel 2014, Loto-Québec a enregistré une perte de 3,5 millions dans le Groupe JOA l'an dernier. Les pertes cumulatives non constatées ont atteint 14,9 millions. Globalement, les profits de la société d'État ont chuté de 10%.