Avec une attitude «irresponsable et fermée» concernant le projet de loi 3 sur la réforme des régimes de retraite, le gouvernement Couillard est en train de fabriquer «une crise sociale» et sous-estime la colère des travailleurs, qui préparent un nouveau cocktail de moyens de pression qui inclurait le recours à la grève dans un futur rapproché.

Les leaders de la Coalition syndicale pour la libre négociation se sont réunis dimanche pour préparer une manifestation qui se tiendra lundi devant l'hôtel de ville de Laval, où le ministre des Affaires municipales Pierre Moreau doit se rendre, a expliqué le porte-parole Marc Ranger.

Mais ce genre de manifestation - dont la plus imposante a réuni des dizaines de milliers de personnes à la mi-septembre dans les rues de Montréal - n'est pas le seul moyen dont disposent les syndicats pour mettre de la pression sur le gouvernement afin qu'il modifie son projet de loi sur les régimes de retraite. Au contraire.

Questionné par La Presse à savoir si une grève pouvait être déclenchée sous peu, M. Ranger s'est montré très prudent, excluant même le recours à une grève générale illimitée au cours de laquelle les services aux citoyens seraient touchés. Mais le recours à la grève est une stratégie sur la table encore plus présente que jamais, a-t-il laissé entendre.

«On veut faire les choses correctement. Nous travaillons pour contenir les gens, que tout se passe dans le calme. Mais le gouvernement sous-estime leur colère. Mon monde est furieux, en révolte. Les gens sont écoeurés de se faire dire qu'ils sont gras dur», a d'abord affirmé le porte-parole de la Coalition syndicale pendant l'entrevue.

«Mais le droit à la grève est un droit, et c'est sûr que si le ministre Moreau s'entête, on va faire ce qu'il faut. On ne veut pas menacer les services à la population, mais le gouvernement sera ciblé. Et on ne pourra pas dire qu'on n'aura pas tout fait pour en arriver là», a ajouté M. Ranger.

Le gouvernement Couillard a présenté la semaine dernière quelques amendements à son projet de loi - trop peu au goût des syndicats. Dans un point de presse, vendredi, la Coalition syndicale a promis de mener une longue bataille juridique contre ce projet de loi «inconstitutionnel» et «idéologique».

«Mais si les tribunaux représentent une avenue possible, ce n'est pas la solution. À la fin de la journée, si le gouvernement s'entête, [les tribunaux] ne seront pas notre seule voie. Historiquement, le mouvement syndical ne s'est pas uniquement fié à la voie juridique, et les grands mouvements sociaux non plus», a rappelé Marc Ranger.

«J'espère que le gouvernement va revenir à la raison et discuter, car je n'ai jamais vu une colère comme celle que je perçois ces temps-ci. Une vague de fond prend forme», a prévenu le syndicaliste.