Le salaire horaire que gagnait Suzanne Vachon lorsqu'elle a été engagée comme réceptionniste à la résidence pour personnes âgées Memphré, à Magog, était de 10,50$. Trois ans plus tard, son salaire a augmenté: elle touche maintenant 11,08$ de l'heure. Mme Vachon n'a donc pas hésité une seconde avant de voter, tout comme ses 34 autres collègues de la résidence, pour une grève générale illimitée déclenchée hier.

Les 35 employés de la résidence, affiliés à la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et syndiqués depuis octobre dernier, négocient leur première convention collective. Mais après une vingtaine de rencontres, les discussions sont dans l'impasse sur la question des salaires.

Le syndicat avait déjà rejeté la première proposition, qui consistait en un gel salarial pour la première année, suivi de deux hausses totalisant 2,5% pour les deux années suivantes.

«On demande aussi des assurances collectives. En ce moment, on n'a aucun avantage», dit Suzanne Vachon, qui faisait du piquetage devant la résidence, hier. Même ma pause de 30 minutes que je dois prendre à mon bureau parce que personne ne peut me remplacer n'est pas payée.»

Les employés assurent que les résidants ne subiront pas les conséquences de ce conflit, en raison de l'obligation de maintenir les services essentiels incluse dans le Code du travail.

«On ne veut surtout pas que les résidants soient pris en otage dans ce conflit», affirme Luc Poirier, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs des CHP de l'Estrie-CSN.

Ainsi, contrairement aux neuf employés habituels, ils étaient six hier à s'occuper des résidants. Certaines tâches ménagères, comme l'époussetage ou le lavage des vitres, ne sont pas effectuées. Il n'y a pas de réceptionniste et aucun service n'est offert à la piscine. De plus, aucun employé ne fera la vaisselle.

La directrice générale de l'établissement, Gaëlle Belloni, a toutefois assuré à La Presse que des cadres s'acquitteront de cette tâche. Mme Belloni a d'ailleurs personnellement appelé les familles de tous les résidants pour leur assurer que les soins seraient prodigués comme à l'habitude.

Le syndicat a également distribué une feuille aux résidants pour les informer précisément des services qui seront perturbés pendant cette grève.

Pierre Landry, qui habite la Résidence Memphré depuis six ans, a affirmé à La Presse qu'il ne s'inquiétait pas des impacts de cette grève sur la qualité de vie des résidants en raison des services essentiels. L'octogénaire, qui est président du Comité des résidants, a souligné la qualité du travail du personnel et de la direction. «Plusieurs personnes qui travaillent ici partent quand ils trouvent un travail à l'hôpital à 20$ de l'heure, mais ceux qui restent sont des gens de coeur», a-t-il souligné.

La Société de gestion Cogir, qui gère notamment la Résidence Memphré, s'est dite consciente qu'elle a du rattrapage à faire en matière de salaire. «Les salaires sont bas, on ne jouera pas à l'autruche là-dessus, a reconnu Robert Leroux, directeur des relations de travail chez Cogir. On est conscients que pour les tâches qu'ils accomplissent et pour le recrutement, il faudra adresser cette situation aux prochaines négociations.»

Une rencontre avec un conciliateur est d'ailleurs prévue vendredi pour discuter de cet aspect.