Deux promoteurs ont déposé vendredi une poursuite d'un peu plus de 64 millions de dollars contre la Ville de Laval, à qui ils reprochent d'avoir empêché la réalisation du projet de développement immobilier Le Commodore.

Aldo Construction et Construction Lafleur entendent également démontrer que la ville a porté atteinte à leur réputation, «les privant ainsi de bénéfices découlant de la réalisation de projets futurs», est-il écrit dans la poursuite.

Selon la poursuite, la ville a cherché à satisfaire «un lobby citoyen» et a orchestré l'annulation du projet, qui prévoyait la construction de 328 condominiums répartis dans deux tours de 28 et 30 étages.

C'est la mention du projet Le Commodore à la Commission Charbonneau qui aurait nui aux promoteurs, indique la poursuite. À son passage à la barre, Jean Roberge, ex-directeur adjoint de Laval, a évoqué le mandat de Claude Asselin, l'urbaniste et ingénieur civil de la firme Dessau retenu pour agir à titre de coordonnateur du projet Le Commodore. Il a également souligné «l'attention que portait Gilles Vaillancourt [ex-maire de Laval] au Projet».

Or le témoin n'a fait mention «d'aucun geste illégal, immoral ou autrement douteux de la part de quelque intervenant que ce soit en relation avec le projet, y compris Gilles Vaillancourt et Claude Asselin», argue la poursuite, qui assure n'avoir rien à se reprocher.

Aldo Construction et Construction Lafleur dénoncent «l'enlisement kafkaïen» qui a découlé de ces déclarations, selon eux. Toujours de l'avis de la poursuite, une pétition citoyenne, des déclarations politiques et le déclenchement d'une enquête administrative portant sur les circonstances qui ont mené à la mise en branle du projet Le Commodore ont servi à miner le projet. Le clou dans le cercueil aurait finalement été enfoncé la semaine dernière, quand Laval a modifié la modification du zonage du site retenu. 

Construction Lafleur estime à près de 64 millions le profit net qu'il aurait tiré du projet Commodore. Les deux promoteurs exigent également 640 000 $, qu'ils associent aux dommages moraux qu'ils auraient subis après que leurs entreprises soient liées aux «comportements immoraux et illégaux qui sont reprochés à Claude Asselin et Gilles Vaillancourt».

La poursuite totalise donc près de 65 millions de dollars. La Ville de Laval a confirmé en avoir pris connaissance, lundi. Elle ne formulera aucun commentaire.